Interview
Estelle Denis (#FemmesDeFoot) : "Une femme peut très bien parler de football masculin"
Publié le 27 mai 2019 à 13:52
Par Florian Guadalupe | Journaliste
Passionné de sport, de politique et des nouveaux médias, Florian Guadalupe est journaliste pour Puremédias depuis octobre 2015. Ses goûts pour le petit écran sont très divers, de "Quelle époque" à "L'heure des pros", en passant par "C ce soir", "Koh-Lanta", "L'équipe du soir" et "La France a un incroyable talent".
A l'occasion de la Coupe du monde de football féminin qui se déroulera en France, la présentatrice de L'Equipe s'est confiée à puremedias.com.
Estelle Denis Estelle Denis© L'Equipe/Grangier
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Les femmes et le sport sont à l'honneur sur puremedias.com. A l'occasion de la Coupe du monde de football féminin en France du 7 juin au 7 juillet, les personnalités féminines de l'univers du ballon rond se confient pour notre opération #FemmesDeFoot sur le tournoi international de football et sur leur actualité à la télévision. Ainsi, Estelle Denis, présentatrice de "L'Equipe d'Estelle" sur la chaîne L'Equipe, a répondu à notre sollicitation.

Propos recueillis par Florian Guadalupe. Entretien réalisé le 10 mai.

Partie Coupe du monde de football féminine

Que représente le football féminin pour vous ?
Rien. Je ne comprends pas la question. Le football féminin, pour moi, c'est mon enfance. Personnellement, j'ai joué quatre ans au foot dans une équipe de garçons quand j'habitais en banlieue parisienne. C'était une période exceptionnelle. On perdait tous nos matchs, mais ce n'est pas grave. C'était top dans le sens où je n'ai pas senti de différence. Le fait d'avoir joué dans une équipe de garçons quand j'étais petite a fait que je ne me suis jamais mis de barrière sur le fait d'être une femme pour accéder à ce métier-là. Au départ, j'étais la seule petite fille à jouer dans cette équipe de garçons. On partageait le même vestiaire. Ca ne me posait aucun souci ! Autant vous dire que maintenant, tout le monde serait alerté... C'est atroce... Mais ça ne posait aucun souci et il y avait zéro différence. Donc, pour moi, le football féminin, c'est ça. La question est quand même très vaste !

Quelle sera la surprise de cette Coupe du monde féminine ?
En joueuse, c'est Delphine Cascarino. C'est vrai qu'on attend beaucoup d'Eugénie Le Sommer, mais je trouve que Delphine Cascarino est d'une fraîcheur et d'une vitesse. Elle m'a impressionnée sur les derniers matchs de l'équipe de France. On en parle moins, mais je pense justement qu'elle peut créer la surprise. Je miserai sur elle !

Quelle joueuse fera la Une des médias cet été ?
J'espère que ce sera la surprise, Delphine Cascarino. En 2006, quand Franck Ribéry est arrivé à la Coupe du monde, il n'avait jamais joué en équipe de France. Il avait cette insouciance. On ne l'attendait pas. Puis, il a explosé. Ca a été la surprise, mais aussi celui qui faisait la Une des journaux. J'espère la même chose pour Delphine Cascarino.
Après en surprise médiatique, c'est vrai qu'il y a une jeune fille que beaucoup ont découvert sur les réseaux sociaux lors de la liste des 23 de Corinne Diacre, c'est Vivianne Asseyi, la joueuse de Bordeaux. Il y avait une scène extrêmement émouvante entre elle et sa maman lorsqu'elle a découvert qu'elle était dans les 23. Aujourd'hui, les Girondins postent de petites vidéos. Donc, je pense que ça peut faire le buzz médiatique.

"Il faut des stars. Il faut des filles auxquelles on puisse s'identifier !" Estelle Denis

L'Equipe de France peut-elle remporter la compétition ?
J'espère ! On n'a jamais fait mieux que le dernier carré. Ce serait bien que ça arrive et si possible en France. Ce serait joli d'avoir le doublé avec l'équipe de France masculine un an plus tard. Elles ont les qualités pour le faire. Maintenant, il va falloir résister à la pression. Il va y avoir une pression médiatique plus forte que ce qu'elles ont connu jusqu'à aujourd'hui. Quand les gens nous disent "ce n'est pas très médiatisé le football féminin", il se trouve que c'est déjà très médiatisé. TF1 a diffusé la liste des 23 de Corinne Diacre. TF1 va mettre un très gros dispositif, le même que pour les garçons, sur le football féminin. Ca veut dire que des jeunes filles qui n'étaient pas très médiatisées vont être regardées par 8 millions de personnes. Donc, si elles gagnent la Coupe du monde, ça fera la différence et leurs vies vont changer.

Quel sport féminin devrait être beaucoup plus diffusé à la télévision ?
Moi, j'adore la natation et l'athlétisme, donc je milite pour ces deux sports-là. Pour obtenir de la médiatisation, il faut avoir des stars. L'athlétisme féminin, il y en avait beaucoup quand on avait Marie-José Pérec. Aujourd'hui, c'est difficile de donner cinq noms d'athlètes féminines comme ça. Pareil pour la natation. On a eu Laure Manaudou. Sa médiatisation était énorme. Elle faisait la Une de "L'Equipe". Aujourd'hui, il faut qu'il y en ait de nouvelles. En natation, on a Charlotte Bonnet qui a fait la Une de "L'Equipe" quand elle est devenue championne d'Europe. Il faut que ça continue. Il faut des stars. Il faut des filles auxquelles on puisse s'identifier !

Partie médias
"On n'est pas obligé d'avoir des femmes pour parler de football féminin. Tout comme de mecs pour parler de football masculin." Estelle Denis

Comment allez-vous aborder cette Coupe du monde féminine sur la chaîne L'Equipe ?
On a quatre journalistes qui vont suivre la Coupe du monde en tant qu'envoyés spéciaux, un peu partout en France, et notamment autour des matchs des Bleus. Dans "L'Equipe d'Estelle", on a notre consultante, Marinette Pichon. Je suis trop ravie de l'avoir. Elle fera la Coupe du monde avec nous. Elle sera là les jours de match et les lendemains de match des Bleues, pour débriefer les rencontres de l'équipe de France. On aura un "footoir" spécial. Le "footoir", c'est la rubrique de Raphaël Sebaoun où il revient sur les informations importantes du foot.

Outre Marinette Pichon, allez-vous faire appel à d'autres consultants ?
On a quand même nos envoyés spéciaux, qui sont Carine Galli et Pierre Nigay. Après, on a nos consultants qui sont capables de parler de football masculin, mais aussi de football féminin. On n'est pas obligé d'avoir des femmes pour parler de football féminin. Tout comme de mecs pour parler de football masculin. C'est marrant parce qu'on nous a fait le reproche, il n'y a pas très longtemps, en nous disant : "Vous auriez pu mettre plus de femmes sur le plateau pour parler de la liste de Corinne Diacre". Mais dans ces cas-là, quand on parlera de football masculin, je ne mettrai que des hommes... C'est idiot... Un homme peut très bien parler de football féminin, tout comme une femme peut parler de football masculin. Par exemple, "L'Equipe du soir" a Patrice Lair, ancien entraîneur de l'équipe féminine de Lyon. Pour le coup, on ne peut pas avoir mieux.

"Ce sera à nous d'intéresser les gens, de montrer la ferveur populaire autour de l'événement et de faire découvrir des joueuses émergentes de l'équipe de France." Estelle Denis

Traite-t-on le football féminin de la même manière que l'on traite le football masculin ?
Non, on ne fait pas les mêmes sujets. Aujourd'hui, les joueuses sont moins connues. Si je vous dis que telle joueuse doit jouer dans un 4-4-2, il y a 99% des gens qui ne vont pas savoir de qui on parle. C'est vrai que les sujets les plus techniques, on va les faire sur des stars. C'est compliqué d'avoir des débats. En revanche, quand on a les images, c'est la même chose. Ce sont les mêmes commentaires de match. Mais sur les débats, ce sera forcément différent. On ne peut pas faire la même chose parce que les joueuses sont moins connues pour le grand public et ce serait moins intéressant.

Est-ce que ce sera aussi un challenge pour vous d'attirer le public vers cette Coupe du monde ?
Le public est déjà là ! Il y a déjà un engouement autour de la Coupe du monde. Quand vous voyez que l'audience de l'annonce de la liste de Corinne Diacre... Lors du JT de "20 Heures", je voulais savoir si la courbe était restée comme d'habitude, si elle allait être descendante ou ascendante. Finalement, ça a plutôt bien marché. Les gens n'ont pas décroché. Donc, c'est la preuve qu'il y a déjà un engouement pour le football féminin ! Ce sera à nous d'intéresser les gens, de montrer la ferveur populaire autour de l'événement et de faire découvrir des joueuses émergentes de l'équipe de France. Après, sur un match de moindre importance, ce sera plus compliqué. Vous avez Corée du Sud/Nigéria sur une Coupe du monde masculine, vous allez pouvoir faire des débats. Honnêtement, je ne vais pas vous mentir. Je ne ferai pas de débat sur le match Corée du Sud/Nigéria lors de la Coupe du monde féminine. Ce n'est pas possible. Mais s'il y a un arrêt extraordinaire, on le montrera. S'il y a une histoire autour d'un match, on en parlera. Mais je ne vais pas débriefer le match. C'est sûr que non.

"Aujourd'hui, on a une base de téléspectateurs et elle s'élargit petit à petit. C'est une vraie fierté !" Estelle Denis

Vous terminez votre deuxième saison à la tête de "L'Equipe d'Estelle". Quel bilan tirez-vous de cette deuxième année ?
Super ! J'étais un petit peu inquiète par rapport à cette année. On avait quand même eu de super scores l'an dernier. On avait notamment été porté par la Coupe du monde masculine. Il y avait aussi l'attrait de la nouveauté. Et en fait, cette saison, on fait des scores bien supérieurs à ceux de l'année dernière, sans événement marquant. On a eu un PSG et un Lyon éliminés très tôt de la Ligue des champions. Finalement, on n'a pas baissé. Il y a eu l'heure d'été. On n'a pas baissé non plus. Ca veut dire qu'on a aujourd'hui une base de téléspectateurs. Cette base s'élargit petit à petit. C'est une vraie fierté !

L'une des petites nouveautés cette saison, c'est la présence d'un chroniqueur-humoriste dans votre émission, Pierre Antoine Damecour. Etait-ce votre idée d'ajouter cette petite touche d'humour ?
C'est moi qui l'ai fait venir. Je l'ai connu sur C8. Au début, Pierre-Antoine ne faisait pas d'antenne. Il s'occupait de tous les jeux de l'émission. Il y a toujours un petit jeu en fin de deuxième ou troisième partie de l'émission. Il produisait aussi un peu l'émission. Il choisissait les images d'illustration derrière nous. Il essayait de rendre l'émission plus attractive avec des codes du divertissement. Il ne vient pas du tout du sport. Je tenais vraiment à ça. Puis, à la rentrée dernière, il avait préparé sa rubrique "La petite lucarne". J'avais très envie de le voir à l'antenne. On l'a testé. Sur la chaîne L'Equipe, on peut se permettre de tester ce genre de choses. Et ça a marché tout de suite. Aujourd'hui, c'est un succès et il y a une attente autour de cette rubrique.

Comment fabriquez-vous votre émission chaque jour ?
Concrètement, je me lève à 7h. Je lis "L'Equipe" et je liste les questions qui pourraient faire l'objet de débat. Il y a des jours, j'en liste vingt. Parfois, j'en ai que deux. A 11h, au bureau, on a notre conférence de rédaction. Tout le monde peut donner ses idées. Notre chef d'édition Julien Chalouette nous donne ses idées. Les deux stagiaires de trois mois donnent aussi leurs idées. Les quatre assistants d'édition, pareil ! Et à la fin, je tranche. A 11h30, on a listé nos quatre thèmes de l'émission. Tout le monde se réunit pour la conférence de rédaction. Après, c'est très indépendant et j'écris mon texte de mon côté. Puis, en général, on casse tout en plein milieu de l'émission à cause de l'actualité ! (rires)

"Je vais animer d'autres primes 'La folle équipe'." Estelle Denis

L'émission fonctionne bien. Pouvez-vous me confirmer qu'elle est reconduite avec vous à la présentation en septembre prochain ?
Je n'en ai pas encore parlé. Si on ne m'a rien dit (l'interview a lieu le 10 mai 2019, ndlr), c'est que l'émission doit être reconduite. Je n'ai pas d'inquiétude. A priori, elle est reconduite.

Parlons mercato alors. Souhaitez-vous recruter de nouveaux chroniqueurs au sein de votre émission ?
J'ai toujours un oeil qui traîne. En fin de saison, on a recruté Benoît Tremoulinas. Il est excellent. J'étais très contente qu'on arrive à l'avoir, surtout qu'il était très sollicité. C'était un peu une fierté pour nous qu'il nous choisisse. On a accueilli aussi Marinette Pichon récemment. Ils s'ajoutent à une belle bande de consultants, avec Jérôme Alonzo, Vikash Dhorasoo, Raymond Domenech, Pierre Bouby et Olivier Rouyer. Mais je regarde toujours le marché s'il y a des opportunités.

Le 1er avril dernier, vous aviez animé votre premier prime time sur la chaîne "L'Equipe", "La folle équipe". Allez-vous animer d'autres numéros ?
Oui ! Je vais en animer d'autres. C'est une jolie marque "La folle équipe". L'idée est de s'amuser pendant une soirée autour d'un thème. On va en tourner deux en juin. Dans le premier, on refera l'année, simplement. Le deuxième sera autour des sports insolites, dont notamment le succès du bûcheronnage sportif. Il y a quand même moyen de faire découvrir des sports ! Vous ne vous rendez pas compte du nombre de championnats du monde qu'il y a. Il y a quand même un championnat du monde de gifles, un championnat de porter d'épouse...

Ce seront des sports bientôt sur la chaîne L'Equipe ?
Pas encore (rires). On ne désespère pas ! On va faire une soirée comme ça, je pense qu'on va bien se marrer. D'ailleurs, pour la première soirée où on refera l'année, on sera avec Vincent Desagnat.

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