Interview
Claire Arnoux (#FemmesDeFoot) : "Le foot féminin n'est pas encore médiatisé comme il le devrait"
Publié le 4 juin 2019 à 13:32
Par Florian Guadalupe | Journaliste
Passionné de sport, de politique et des nouveaux médias, Florian Guadalupe est journaliste pour Puremédias depuis octobre 2015. Ses goûts pour le petit écran sont très divers, de "Quelle époque" à "L'heure des pros", en passant par "C ce soir", "Koh-Lanta", "L'équipe du soir" et "La France a un incroyable talent".
A l'occasion de la Coupe du monde de football féminin qui se déroulera en France, la présentatrice de beIN Sports s'est confiée à puremedias.com.
Claire Arnoux Claire Arnoux© PANORAMIC
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Les femmes et le sport sont à l'honneur sur puremedias.com. A l'occasion de la Coupe du monde de football féminin en France du 7 juin au 7 juillet, les personnalités féminines de l'univers du ballon rond se confient pour notre opération #FemmesDeFoot sur le tournoi international de football, mais aussi sur leurs actualités à la télévision. Ainsi, Claire Arnoux, présentatrice de "Tribune Sports" et "Salon VIP" sur beIN Sports, a répondu à notre sollicitation.

Propos recueillis par Florian Guadalupe. Entretien réalisé le 10 mai.

Partie Coupe du monde de football féminine

Que représente le football féminin pour vous ?
C'est comme le foot masculin. Pour moi, c'est un sport formidable à regarder. Il me donne autant d'émotion que le foot masculin. C'est un sport qui réserve de très grandes surprises. On en a eu à la dernière Coupe du monde masculine. On en a dans les diverses compétitions de football masculin, avec notamment la Ligue des champions. On en a aussi avec la Ligue des champions féminine. On espère en avoir tout autant avec cette Coupe du monde féminine qui sera en plus en France.

Quelle sera la surprise de cette Coupe du monde féminine ?
J'ai d'abord eu deux surprises aujourd'hui. Il y a l'absence de Marie-Antoinette Katoto. Elle est la meilleure buteuse du championnat français. Elle n'a pas été prise en équipe de France. Pour moi, c'est une grosse surprise. L'autre surprise est également une absence. C'est celle d'Ada Hegerberg, la première Ballon d'or. Elle ne sera pas à la Coupe du monde avec la Norvège par choix. Elle ne veut pas jouer avec sa sélection. Elle estime qu'il y a un manque d'investissement de la part de sa fédération. Pour moi, ce sont deux grosses surprises et deux joueuses qui manqueront certainement à la compétition.

"Je suis persuadée que cette équipe de France peut aller remporter cette Coupe du monde." Claire Arnoux

Quelle joueuse fera la Une des médias cet été ?
Alex Morgan. Elle fait beaucoup parler d'elle. Je pense à elle tout de suite. J'ai vu il y a quelques semaines qu'elle était en Une du spécial "maillot de bain" du magazine "Sports Illustrated". C'est une grande star aux Etats-Unis. Elle fera parler d'elle. Elle est très influente dans les médias. Elle fait partie des 100 personnalités les plus influentes, selon le "Time". Ce sera sa troisième Coupe du monde. Elle est championne du monde et championne olympique.

L'équipe de France peut-elle remporter la compétition ?
Evidemment. Cette Coupe du monde est à domicile. L'équipe de France a quand même fait quelques résultats auparavant. Il y a eu une quatrième place à la Coupe du monde il y a quelques années. En plus de ça, il y a Corinne Diacre à la tête de cette équipe. Je suis persuadée que cette équipe de France peut aller remporter cette Coupe du monde. Le public sera derrière elle. Elles auront à coeur de montrer que si les hommes sont champions, elles aussi peuvent l'être. On peut le faire !

Quel sport féminin devrait être beaucoup plus diffusé à la télévision ?
En tant que femme, je vais dire tous. Avec le foot et le rugby en tête. L'équipe de France de rugby fait quand même de super belles choses. Il faudrait encore plus les mettre en valeur. J'aimerais qu'on puisse voir encore plus de femmes douées dans le sport, que ce soit dans le handball, le basket, le judo ou la boxe.

Partie médias
"Je ne pense pas qu'on prenne plus de pincettes pour critiquer le sport féminin" Claire Arnoux

Comment sera abordée la Coupe du monde féminine dans vos émissions ?
Je vais avoir une émission magazine, avec "Salon VIP", qui sera déclinée en deux numéros le samedi et le dimanche. Avec notre invité people, on lui demandera s'il suit la compétition et son regard sur les performances de l'équipe de France et des autres nations. Je n'aurai pas d'émission de décryptage ou de fond sur cette Coupe du monde.

Traite-t-on le football féminin de la même manière que le football masculin ?
Non. On ne le traite pas du tout de la même manière. Il n'est pas encore médiatisé comme il le devrait. Forcément, on le médiatise un petit peu moins. On le médiatise lorsqu'il y a des choses exceptionnelles. Par exemple, si une équipe française remporte la Ligue des champions. Si l'équipe de France fait quelque chose d'incroyable à la Coupe du monde, on va beaucoup le médiatiser. Le fait qu'il y ait eu un premier Ballon d'or féminin, on le médiatise, parce que c'est un événement exceptionnel. Avec le temps et à force d'imposer le sport féminin dans les médias, ça deviendra moins exceptionnel et on le médiatisera de la même manière que le sport masculin.

Prend-t-on plus de pincettes pour critiquer du football féminin ?
Non, je ne pense pas qu'on prenne plus de pincettes pour critiquer le sport féminin. Pour regarder des émissions qui ne sont pas sur les chaînes de beIN Sports, il y en a parfois qui se moquent de certaines sportives, notamment des gardiennes de but. Donc, je ne trouve pas du tout qu'on prenne des pincettes pour les sportives. Je trouve même qu'on est plus dur et plus facilement à se moquer d'une contre-performance.

"Avoir des invités en direct sur un plateau de télé un dimanche soir, c'est très compliqué" Claire Arnoux

Quel bilan tirez-vous de votre saison à la tête des deux émissions de beIN Sports, "Tribune Sports" et "Salon VIP" ?
Pour "Salon VIP", ça a été un panel d'invités très variés et formidables, avec des acteurs, des chanteurs, des artistes multiples qui sont passionnés de sport. Ils sont venus partager leur passion avec nous et nous parler d'eux. On a réussi à en apprendre un petit peu plus sur eux par le biais du sport. En général, ça donne des histoires de famille assez chouettes. Pour "Tribune Sports", on a fait une saison avec des super invités. Avoir des invités en direct aujourd'hui sur un plateau de télé un dimanche soir, c'est très compliqué. Franchement, la programmation de nos invités cette saison a été au top, que ce soit en omnisports ou en football. Puis, je suis toujours avec la même équipe, les mêmes chroniqueurs de "Tribune Sports" depuis quatre saisons. C'est toujours un plaisir de travailler avec eux. On a déjà hâte de se retrouver la saison prochaine.

Pourrait-on voir des personnalités politiques sur votre plateau ?
Oui. On en a pas mal reçu. On l'a fait notamment avec Manuel Valls. C'est un grand passionné de football. Jean-Louis Borloo et Roselyne Bachelot sont également venus. Après en période d'élection, c'est toujours un peu délicat, comme on n'est pas une chaîne d'actu ou une chaîne politique, ça ne nous intéresse pas trop. On veut découvrir une personnalité au travers du sport.

C'est la première année de beIN Sports sans la Ligue des champions. Avez-vous ressenti un manque ?
Au sein des émissions, je ne l'ai pas trop ressenti. Ce qui m'a beaucoup manqué, c'est de ne pas voir la Ligue des champions commentée par mes commentateurs préférés de beIN Sports. Ca m'a manqué parce que certains matchs cette saison étaient coupés. Le streaming proposé par la concurrence ne marche pas bien. En revanche, je ne l'ai pas senti dans mes émissions. On a déjà tellement de choses à proposer sur beIN Sports, avec la Ligue 1, les championnats étrangers de football, les championnats européens de rugby, la NBA ou encore le handball.

"J'ai porté plainte après avoir reçu des menaces de mort" Claire Arnoux

En février dernier, il y a eu une petite polémique dans votre émission après un débat sur Kylian Mbappé. Ca a donné lieu à un emballement sur les réseaux sociaux. Vous attendiez-vous à une telle affaire ?
Pas du tout (rires) ! Surtout que c'était tellement anodin. C'était une vanne en plateau. Je pense que les réseaux sociaux aujourd'hui deviennent compliqués. Les gens doivent être malheureux, donc ils ont beaucoup de haine en eux. Nous, on ne parle que de sport. Le sport est fait pour nous faire rêver.

Dans une interview accordée à "So Foot", vous aviez confié avoir reçu des menaces de mort sur Twitter.
Tout à fait. Et beaucoup de misogynie et racisme aussi.

Avez-vous porté plainte ?
Je l'ai fait. On peut le faire directement sur internet pour signaler des messages. Il y a une plateforme en lien avec la police. C'est une manipulation assez facile à faire. On n'a plus besoin de se déplacer. Je ne crois pas que ça marche très bien (rires). J'ai signalé des centaines de messages violents et insultants. Je ne suis pas sûre que ça ait changé grand chose pour Twitter, ni pour les autres réseaux sociaux.

Cette vague de haine est-elle terminée aujourd'hui ?
Oui. Ca s'est calmé. Puis, de temps en temps, si Mbappé rate un match, je me prends deux ou trois messages. Mais quand c'est Messi ou Antoine Griezmann, bizarrement, il n'y en a plus beaucoup qui m'envoient des messages (rires).

Faites-vous désormais attention à ce que vous dites à l'antenne ?
Pas du tout. Je ne changerai certainement pas ma manière d'être pour une minorité de gens malheureux dans leur vie et qui peuvent se sentir heureux en insultant gratuitement, en étant misogyne, en me demandant de retourner à la cuisine. Non, je ne retournerai pas à la cuisine. Je serai en plateau. Je dirai ce que je pense.

"On mériterait pour beaucoup d'avoir des places encore plus élevées dans les directions." Claire Arnoux

Plus globalement sur votre métier, en est-il terminé de cette image machiste qui colle à la peau du journalisme sportif ?
En fait, nous, les femmes journalistes sportives, on est là parce qu'on le mérite. On a travaillé pour. Qu'on ait fait des études ou pas, on a travaillé, on a fait des stages et on a appris. Effectivement, on est toujours jugé plus durement parce que les mentalités changent, mais pas d'un coup. Il faut des années pour faire changer les gens. En dehors de ça, aucune n'a volé sa place. On mériterait pour beaucoup d'avoir des places encore plus élevées dans les directions. Quand on voit que Corinne Diacre est la première femme sélectionneuse, on voit que ça s'ouvre et on espère qu'il y en aura d'autres derrière elle. Plus on sera nombreuses à des postes clés, visibles et importants, plus on pourra faire bouger les choses.

Question mercato : Serez-vous sur beIN Sports à la rentrée prochaine ?
Oui ! C'est prévu que je reste avec "Salon VIP" et "Tribune Sports".

Dans "Salon VIP", vous rencontrez des personnalités de tous les milieux. Aimeriez-vous animer une émission qui ne soit pas liée au sport ?
Carrément ! Je m'épanouis énormément dans l'interview. Le domaine du sport et le domaine de la culture sont mes deux domaines de prédilection. J'adore ça. Je me régale d'aller voir des événements sportifs comme je me régale d'aller voir des films ou des pièces de théâtre, de lire des livres ou d'écouter des albums. Sans aucun problème, je pourrais m'épanouir là-dedans.

A LIRE DANS LA COLLECTION #FEMMESDEFOOT :
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- Céline Géraud : "Nous ne brossons pas les invités dans le sens du poil"
- Nathalie Iannetta : "Il y aura un avant et un après dans cette Coupe du monde"
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