Le ciel au-dessus de Netflix se couvre. Hier, la plateforme de streaming américaine a dévoilé ses résultats pour le deuxième trimestre. Côté abonnés, Netflix compte désormais 130 millions d'utilisateurs partout dans le monde. Sur la période avril-juin, la plateforme a engrangé 5,1 millions d'abonnés supplémentaires. Un chiffre inférieur aux prévisions de l'entreprise pilotée par Reed Hastings qui tablait sur une progression de 6,2 millions d'abonnés. "Nous avons eu un trimestre solide mais pas extraordinaire", a simplement reconnu Netflix dans une lettre adressée à ses actionnaires.
Pour ne rien arranger, l'entreprise californienne prévoit désormais un ralentissement de la croissance de son parc d'abonnés au troisième trimestre. Alors qu'elle avait engrangé 5,3 millions d'abonnés au troisième trimestre de l'année 2017, la plateforme s'attend désormais a gagné 5 millions de clients supplémentaires sur la période juillet-septembre 2018. Sur les marchés, la sanction ne s'est pas fait attendre. Hier, le cours de l'action a brutalement reculé de près de 14% dans les échanges électroniques suivant la clôture de Wall Street, comme le rapporte l'AFP. Face à l'inquiétude des marchés, Reed Hastings est monté au créneau en attribuant ces résultats à une défaillance du système de prévision.
David Wells, le directeur financier de l'entreprise, a assuré que la hausse des tarifs, appliquée l'hiver dernier, n'est pas responsable de ce ralentissement de la croissance. L'explication réside peut-être plutôt dans l'absence de nouveau hit majeur au catalogue, de type "Stranger Things", au cours du dernier trimestre. La concurrence accrue dans le domaine est également à prendre en compte. Selon Paul Verna, un analyste américain, Netflix a enregistré un "deuxième trimestre faible" en raison de "la concurrence croissante sur le marché de la vidéo en streaming avec Amazon, Hulu, HBO et autres, qui gagnent des parts de marché aux dépens de Netflix".
Les perspectives incitent forcément les marchés à l'inquiétude alors que de nombreux entrants sont attendus sur le secteur comme Disney et l'opérateur AT&T. Reed Hastings a aussi cité "le rassemblement des diffuseurs français" dans son analyse de la conjoncture. Selon Paul Verna, Netflix devrait pourtant "rester nettement leader du marché aux Etats-Unis" grâce à son "solide portefeuille de programmes originaux". L'automne s'annonce d'ailleurs comme une période faste pour la plateforme qui envisage de mettre en ligne près d'une soixantaine de nouveaux programmes originaux.
Au demeurant, côté finances, Netflix ne vacille pas. Son chiffre d'affaires a progressé de 40% en un an et atteint désormais 3,9 milliards de dollars. L'entreprise a par ailleurs engrangé 384 millions de dollars de bénéfice. Surtout, pour la première fois de sa courte histoire, Netflix a réalisé un chiffre d'affaires à l'international supérieur à celui réalisé sur le sol américain, ce qui tend à valider la stratégie d'expansion de la plateforme. Pour engranger davantage d'abonnés dans le monde entier, Netflix produit de plus en plus de fictions en langues originales. C'est le cas en Europe, et notamment en France, mais aussi en Asie où le potentiel de croissance est particulièrement élevé.