Nicolas Beytout a présenté ce matin à la presse "L'Opinion", un nouveau site internet d'information payant qui aura une déclinaison imprimée vendue en kiosques. 24 heures avant le lancement, l'ancien directeur de la rédaction du "Figaro" et PDG de "Les Echos" détaille son projet pour puremedias.com.
Propos recueillis par Benoît Daragon.
puremedias.com : On dit souvent qu'un média est créé pour combler un manque. Quel manque a guidé le lancement de "L'Opinion" ?
Nicolas Beytout : Je ne sais pas si on comble un manque... Je pense que l'ensemble de l'univers médiatique est aujourd'hui secoué. Nous avons connu beaucoup de disparitions de journaux et, parallèlement, le champ des débats et des idées est toujours plus vaste. Si manque il y a, c'est probablement dans le débat et dans le positionnement d'un certain nombre de journaux. On pense avoir une ligne qui permet de défendre efficacement une vision qui n'est pas, aujourd'hui, majoritaire dans la presse française.
Votre ligne éditoriale est "libérale, pro-business et européenne". Vous visez quel public avec ce positionnement ?
On vise des gens qui sont intéressés par le débat public, qui ont un engagement non pas politique mais sur le plan des idées. Qui sont probablement ouverts au reste du monde et qui regardent évoluer la France par rapport au reste du monde. Qui pensent que les débats méritent d'être posés différemment.
La presse traverse une phase économique très difficile, avec fermetures et plans sociaux. Comment allez vous réussir économiquement, là où tous les autres échouent ?
Ce qui nous différencie fondamentalement c'est de partir d'une feuille blanche, d'avoir construit une équipe et un projet nouveau en partant de zéro. On a pu apporter immédiatement toutes les technologies à la disposition de la presse. Elles sont difficiles à imposer dans les différents médias car elles bousculent des professions, en remettant en cause des habitudes. La deuxième chance, c'est que je n'ai pas transformé une société, bousculer des savoirs-faire. En partant d'une feuille blanche, on peut produire à des coûts beaucoup plus gérables que ceux des autres médias.
Concrètement, qu'est qui change ?
Je vous donne deux exemples. Nous sommes une petite quarantaine, on va bosser beaucoup, probablement plus que dans beaucoup de quotidiens parce que, par l'histoire sociale, il y a de nombreuses semaines de vacances. Ici on aura 6 semaines et c'est déjà plus que la plupart des Français. Autre exemple, nous serons 30 journalistes sur 40 salariés. Ce qui veut dire que les trois quarts des effectifs seront concentrés sur la production de contenus. Au fond, dans les grands médias, on se rend compte que, de plans d'économies en guichets de départs, ceux qui produisent les contenus s'amenuisent et deviennent même minoritaires. Nous serons centrés sur la production de contenus de haut niveau.
Vos propos rappellent ceux d'Alain Weill, quand il a lancé BFM TV. Vous allez faire de la presse "low cost" ?
Le problème de ce genre de mot c'est qu'il donne le sentiment que la qualité est faible. Mon projet, au contraire, est de tout concentrer sur une production de qualité et pour ça d'économiser le maximum ailleurs. Donc on est low cost dans les moyens de production oui, mais high cost dans la réunion d'une équipe de rédaction haut de gamme. Et high ambition sur ce que l'on veut faire.
Pensez-vous avoir créé une nouvelle famille de presse quotidienne ?
Il y a deux manières d'inventer. La première est de créer un objet ou un service qui n'existe nulle part ailleurs. La deuxième est de mettre ensemble des produits et services qui existent déjà mais dont la combinaison crée la nouveauté. Et je pense que l'assemblage que nous allons faire de contenus web, vidéo et papier va nous donner une véritable personnalité.
Vous n'avez que trois thématiques (politique, international et économie). C'est un choix pour être exhaustif ?
Nous n'avons aucune chance de battre les tenants du titre : ils sont tous plus nombreux et couvrent toute l'actualité. Qu'est-ce que je peux apporter, moi, de différent et de nouveaux pour émerger ? Rien si je fais la même chose qu'eux. Dès l'origine, nous voulions être sélectifs et choisir de facon rigoureuse ce que l'on veut traiter. Sur le journal papier, nous avons décidé qu'il n'y aurait pas de colonnes de brèves. Il n'y a pas de repêchage. Une actualité que l'on n'a pas voulu traiter ne sera pas présente. Nous couvrirons donc l'actualité sans la prétention de dire tout à tout le monde.
Quel est le capital de départ?
Cela n'a pas beaucoup d'intérêt, nous sommes en train de finaliser une deuxième levée de fonds. Mais l'important pour nous est que tous les gens embauchés ont quitté des postes. A tous, il fallait que je puisse dire que nous avions un plan de financement qui rendait crédible leur venue sur 3 années. Le capital de départ permet que cette aventure ne soit pas aventureuse et que tout le monde puisse être payé pendant au moins trois années. D'où l'objectif d'être rentable dans trois ans.
Puremedias.com vous propose de découvrir la Une du Numéro 0 de "L'Opinion".