Demain à 18h00, Nicolas Beytout, ancien directeur de la rédaction du "Figaro" et PDG de "Les Echos" , va officiellement lancer un nouveau site internet d'information payant. Baptisé "L'Opinion", celui-ci va tenter de se démarquer de ses nombreux concurrents en proposant des actualités avec des points de vue forts et assumés. En revanche, il ne traitera pas de toutes les infos. Il n'y aura ni sport ni faits-divers ni météo mais uniquement de la politique, de l'international et de l'économie, traités par écrit et en vidéos. Le site sera positionné à droite, même si son patron préfère parler d'une ligne éditoriale "libérale, pro-business et européenne".
Mais la principale originalité de "L'Opinion" est qu'il est bi-médias. En effet, il sera décliné tous les matins dans une version imprimée, diffusée en kiosques. Vendu 1,50 €, ce quotidien comportera entre 8 et 12 pages. Il reprendra le meilleur des contenus publiés la veille sur le site. Ce lancement est un évènement puisque, ces dernières années, la presse quotidienne a surtout été le théâtre de fermetures de titres ("France Soir", "La Tribune") ou de vastes plan sociaux. En fait, depuis "Info Matin" en 1994 (qui a vécu 2 années) il n'y a eu aucune naissance dans la presse payante, si on exclut les quotidiens gratuits ("20 Minutes" et "Métro" nés en 2002, "Direct Matin" en 2007) et le quotidien sportif "Le 10 Sport" qui a vivoté entre 2008 et 2009.
Nicolas Beytout espère avoir mis la main sur un nouveau modèle de presse, qui a été inspiré par le site américain Politico. Il a convaincu une quinzaine d'investisseurs d'engager une dizaine de millions d'euros au total pour pouvoir tenter cette aventure, un peu anachronique, pendant 3 ans. Il a embauché 39 personnes, dont 30 journalistes expérimentés (venus du "Figaro", des "Echos", de "France Soir", de "Marianne", de "Paris Match", d'Europe 1 ou de LCI). La structure est bien plus légère que celle des quotidiens traditionnels. Il n'y a pas, par exemple, de secrétaire de rédaction ni de maquettiste, la mise en page des articles étant automatique. Une seule personne est chargée de superviser l'ensemble de l'édition.
Avec ce modèle économique "low-cost", "L'Opinion" doit être rentable dans 3 ans. Le site est accessible par abonnement (21 euros par mois) mais ses archives seront gratuites. Disponible uniquement dans les 5.000 et 7.000 kiosques les plus fréquentés par les CSP+ (la cible principal du quotidien qui se veut très qualitatif), le quotidien doit écouler 50.000 exemplaires d'ici 2016. Il sera financé par la publicité et pas les ventes (70% d'abonnements et 30 % de ventes en kiosques). Pour faire connaitre "L'Opinion" aux potentiels lecteurs, 100.000 exemplaires d'un numéro 0 de présentation seront distribués demain matin dans environ 9.000 kiosques.
"Sur tous les sujets, nous n'aurons jamais de positions traditionnelles", promet Beytout, qui a débauché Rémi Godeau, ancien rédacteur en chef de L'Est Républicain, pour diriger la rédaction de son titre. Nicolas Beytout fera chaque matin une interview vidéo d'une personnalité politique ou économique dans l'actualité et signera un édito. Deux vitrines dont la consultation sera toujours gratuite et qui seront repises, en bonne place, tous les matins dans l'édition papier.
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