Cela faisait longtemps que les opérateurs historiques n'avaient pas crié au scandale contre Free Mobile. Le coup de gueule de rentrée nous vient de Martin Bouygues, patron du groupe éponyme, dans Le Figaro ce matin. Agacé par la montée en puissance de la filiale d'Iliad au détriment de Bouygues Telecom, il dénonce une nouvelle fois la politique du précédent gouvernement, qui a accepté de mettre sur le marché une quatrième licence de téléphonie mobile.
"Il nous a fait les poches en fin d'année en nous vendant les licences 4G et, quelques mois après, il nous fracasse avec l'arrivée de Free. J'avais écrit à François Fillon pour l'alerter, mais il ne m'a pas répondu (...) Chaque mois quasiment, on nous inventait une nouvelle taxe sur le mobile, résultat le jouet est cassé" explique-t-il. Il dénonce l'absence "d'études d'impact" avant le lancement du quatrième opérateur qui déstabilise le marché depuis son arrivée, en janvier dernier.
Il faut dire que Bouygues Telecom souffre depuis l'arrivée de Free mobile. Le troisième opérateur a perdu près de 400.000 clients au premier trimestre et son bénéfice net a baissé de 57%, à 92 millions d'euros. De piètres performances qui pèsent lourd sur les résulats du groupe. "Pour l'emploi c'est un désastre, et l'État devrait y perdre en recettes fiscales aux alentours d'un milliard d'euros par an" dénonce Martin Bouygues. Il demande notamment la fin du contrat d'itinérance entre Orange et Free Mobile, pour l'obliger à l'investir dans son propre réseau. Depuis son arrivée sur le marché, Free mobile aurait conquis près de 3 millions de clients avec ses offres à bas coûts.