L'audition de Xavier Niel devant la commission des affaires économiques de l'Assemblée Nationale était prévue de longue date. Mais elle a permis au patron de Free de répondre aux multiples interrogations de la concurrence et des consommateurs sur le lancement de son offre mobile, le 10 janvier dernier. A propos de son réseau, attaqué de toutes parts, il a assuré que Free Mobile "continuait à poser des antennes". Selon lui, 1.000 fonctionnent déjà, 5.000 ont été commandées pour être posées.
A ceux qui doutent de son efficacité et du bon fonctionnement des antennes, il les renvoie à l'Arcep "qui a constaté en décembre que nous avions une couverture supérieure à 27%, avec nos antennes !". En clair : si le gendarme des télécoms a validé notre réseau, c'est qu'il fonctionne ! Niel a néanmoins reconnu rencontrer des difficultés à Paris pour implanter ses relais. "Déployer un réseau, ce n'est pas facile mais on y arrive. C'est vrai qu'à Paris intra-muros on a très peu d'antennes, notre réseau y est encore exécrable" a-t-il précisé.
Xavier Niel en a profité pour réaffirmer une stratégie de développement de ses propres infrastructures car "tous les opérateurs qui n'avaient pas de réseau ont disparu (...) on met tout en oeuvre pour être très en avance sur nos objectifs de couverture." Il a par ailleurs fustigé Bouygues Telecom qui a selon lui envoyé des huissiers en Bretagne pour contrôler le fonctionnement du réseau de Free Mobile dans la région.
Toutes les attaques envers Free Mobile viennent, selon lui, de la concurrence. "On va inventer des choses parce qu'on n'a rien de factuel ! On ne peut pas dire aux Français que pendant des années on a fait des bêtises et qu'on a profité de rentes de situation" a-t-il lancé, en réponse à la photo d'une installation technique publiée par le quotidien économique Les Echos.
Le patron de Free Mobile a reconnu quelques couacs logistiques, notamment le jour du lancement de son offre illimitée à 19,99 euros par mois. "Nous avons été un peu débordés par notre succès les premiers jours, nous avons eu 3 à 4 millions de demandes d'informations, on ne peut pas répondre à ça" a-t-il indiqué, précisant que Free Mobile comptait déjà aujourd'hui "des centaines de milliers d'abonnés". Quant aux délais parfois à rallonge pour recevoir sa carte SIM, il assure que les problèmes se cantonnent aux clients ayant demandé une portabilité du numéro, "quelques centaines de cas." Le buzz négatif autour de son offre depuis quelques jours ne semble pas l'effrayer : "Chez Free on vit du bouche à oreilles. Quand on a des abonnés mécontents, on ne fait plus d'abonnés." Free Mobile annonce par ailleurs l'ouverture d'une centaine de boutiques dans les prochains mois, dont une à Paris au cours du premier semestre.
Même devant les députés, Xavier Niel n'a pas hésité à utiliser les mêmes ficelles qui avaient fait le succès de sa présentation de l'offre devant la presse, où il avait tapé sur la concurrence. "On est tout sauf une entreprise low cost, on est une entreprise raisonnable, mon salaire est trente fois inférieur à mes homologues !" a-t-il lancé. Et quelques minutes plus tard, il l'a donné : 173.000 euros brut par an. Mais Xavier Niel détient 30% d'Iliad, ce qui fait de lui un milliardaire virtuel et l'une des plus grandes fortunes de France.