NRJ 12 : "Nous avons perdu de l'argent sur la Star Academy"

Au surlendemain de l'officialisation de son départ, après plusieurs semaines de rumeurs, Gérald-Brice Viret nous a accordé un entretien. L'occasion de revenir sur son action à la tête du pôle audiovisuel de NRJ depuis le lancement de NRJ 12 en mars 2005.

Propos recueillis par Julien Lalande

puremedias.com : Des informations contradictoires entourent les conditions de votre départ de NRJ. Quelle est votre version des faits ?

Gérald-Brice Viret : J'ai décidé de quitter NRJ parce que je considère que je suis à la fin d'un cycle. J'ai rejoint le groupe de Jean-Paul Baudecroux il y a huit ans, après avoir passé cinq ans à TMC, cinq ans à Voyage et trois ans à France 3. J'avais déjà ressenti ça l'an dernier mais l'obtention de la fréquence de Chérie 25 m'avait convaincu de participer au lancement de cette nouvelle chaîne sur la TNT. Je pars avec le sentiment du travail accompli. A mon arrivée, NRJ 12 était parmi les dernières chaînes TNT. Aujourd'hui, la chaîne est rentable. Elle est la troisième sur notre coeur de cible, les 25-49 ans et les femmes responsables des achats. Cette semaine, NRJ 12 devance même W9 ! Chérie 25 affiche, elle, la plus grande affinité avec les femmes parmi les chaînes lancées le 12 décembre dernier, et enfin NRJ Hits est la première chaine musicale de France du câble, de l'ADSL et du satellite. Le pôle TV de NRJ est lancé durablement.

Quid de la "Star Academy" et de "Vous êtes en direct", deux programmes qui vous seraient reprochés ?

Nous avions un challenge à la rentrée, celui de l'access. Nous arrivions en fin de droits sur "Stargate". L'opportunité de faire venir Jean-Marc Morandini s'est présentée. C'est vrai qu'après un très bon démarrage, les audiences se sont tassées en raison d'un lead-in faible (le programme qui précède "Vous êtes en direct", NDLR) et de l'arrivée de "Touche pas à mon poste". Mais les audiences ont toujours été honorables, et surtout bien meilleures sur les cibles que notre série "Stargate" ou que "Faut pas rater ça", le talk-show lancé par France 4. Enfin, "Vous êtes en direct" a toujours été rentable. Les annonceurs aiment investir sur cette émission.

Depuis le début des "Anges", les audiences de "Vous êtes en direct" se sont envolées (+50% en mars par rapport à la période septembre-février). Ne craignez-vous pas qu'elles retombent à la fin de la diffusion de cette série réalité ?

Le lead-in est effectivement très important. A nous d'avoir une locomotive puissante toute l'année. Cette saison, la "Star Academy" a pénalisé "Vous êtes en direct". Jean-Marc Morandini vit de l'actualité de la télé. Quand l'événement du PAF a lieu sur NRJ 12 avec "Les Anges de la télé-réalité", il est logique qu'il y revienne largement. Aujourd'hui, autour du programme inédit "Les Anges de la télé-réalité", avec "Le Mag" présenté par Matthieu Delormeau et "Vous êtes en direct", nous avons un bloc programmes 16h30-20h30 très puissant et très cohérent.

Selon nos informations, des annonceurs de NRJ 12 se sont plaints de l'image véhiculée par certains programmes. Est-ce qu'il s'agit de réclamations marginales ou d'un véritable problème ?

C'est un phénomène marginal. C'est aussi dû à la pression exercée par nos concurrents. Saviez-vous que nous sommes plus puissants qu'Arte sur les CSP+, que nous étions leaders TNT sur les femmes responsables des achats le mois dernier ? Nous avons rencontré et rassuré ces annonceurs inquiets. C'est la vie normale d'une chaîne de télévision. Partout où j'ai été, j'ai toujours rencontré ça.

Les récentes déclarations de Françoise Laborde, membre du Conseil supérieur de l'audiovisuel, ne menacent-elles pas une partie du modèle de NRJ 12 et W9 avec leurs séries réalités ?

Françoise Laborde a raison : il faut être vigilant sur la signalétique. Mais ce n'est pas le rôle du CSA de composer les grilles de programmes. En revanche, c'est son rôle de regarder si les signalétiques sont bien respectées. En ce qui concerne "Les Anges de la télé-réalité", un programme que nous classons en "déconseillé aux moins de 10 ans", nous avons cinq filtres de visionnage pour chaque épisode. Nous sommes en contact régulièrement avec les services du CSA autour de tous nos programmes.

Par le passé, l'émission "12 coeurs", un des premiers succès de NRJ 12, a été victime d'une décision du Conseil supérieur de l'audiovisuel...

C'était il y a plus de trois ans ! Le CSA avait indiqué que la signalétique n'était pas appropriée (le programme avait basculé du moins de 10 ans au moins de 12 ans entraînant son arrêt, NDLR).

Quel bilan faites-vous de la "Star Academy" ?

La déception a été importante sur la quotidienne tandis que les audiences réalisées par les prime times ont été dans la lignée de nos prévisions. La décision de proposer la "Star Academy" sur notre antenne a été prise collégialement avec Jean-Paul Baudecroux et Stéphane Joffre. En aucun cas cette déception autour du programme n'a motivé mon départ, même si je reconnais que si c'était à refaire, je ne referais peut-être pas la "Star Academy". Comme la "Nouvelle Star" j'imagine chez D8, nous avons perdu de l'argent sur l'émission. En tant que directeur général, je ne peux être que déçu. A l'inverse, en termes d'image et de valeurs, j'ai été satisfait par le programme. (Selon nos informations, la "Star Academy" ne sera pas renouvelée par NRJ, NDLR)

Faisons un petit bilan de votre action à la tête du pôle TV de NRJ. Il est globalement positif. NRJ 12 est bénéficiaire quand France 4 et D8 sont toujours dans le rouge, et la chaîne atteint 3,5% de PDA sur les ménagères cette année. De quoi êtes-vous le plus fier ?

D'abord, de l'équipe de NRJ 12. J'ai travaillé avec des gens vraiment talentueux. Ensuite, de l'objectif atteint des 70% de productions propres. Cette part grimpe même à 90% les lundis, mercredis et jeudis, lorsque nous proposons notre magazine "Tellement vrai" en prime time. Peu à peu, nous nous affranchissons du cinéma. Enfin, NRJ 12 a aujourd'hui une véritable identité, contrairement à certains de nos petits camarades.

A l'inverse, quels seront les défis de votre successeur ?

Il faudra rester dans un coût de grille maîtrisé, rester rentable alors que D8 se renforce et que le paysage audiovisuel éclate. Il faudra rester puissant auprès de nos coeurs de cible. Enfin, il faudra trouver un nouveau souffle sur les productions propres, notamment en première partie de soirée.

Dernière question : quelle société allez-vous rejoindre ?

J'ai plusieurs propositions que je suis en train d'étudier. Deux options ont retenu tout particulièrement mon attention : la première dans la télévision, la seconde dans la production. Une chose est sûre : j'aime la télévision, j'ai envie d'un nouveau challenge. La télé reste plus que jamais pour moi un média d'avenir.