De graves accusations. Ce mardi 2 avril 2024, "Libération" publie une enquête sur le comportement de Manu Lévy au sein de la matinale de NRJ. Le quotidien révèle par ailleurs que quatre anciens salariés ont lancé des poursuites aux prud'hommes contre la station pour des faits de harcèlement moral.
Selon le journal dirigé par Dov Alfon, plusieurs anciennes voix de la radio musicale ont saisi le conseil des prud'hommes pour des débordements de l'animateur star. Parmi eux, on retrouve Valentin Chevalier, qui a collaboré avec Manu Lévy durant huit saisons, Isabelle Giami, co-animatrice ayant travaillé cinq ans avec le matinalier, Pauline Bordja, co-animatrice de 2017 à 2019 et Aude Fraineau, voix du standard pendant deux années. "Libération" a également recueilli les témoignages d'une vingtaine d'ex-salariés de la matinale, ayant travaillé sur NRJ de 2012 à 2023.
Isabelle Giami raconte les tacles assassins de Manu Lévy lancés hors antenne : "Ce qui est dur, c'est que c'est insidieux. C'est un dénigrement permanent, une petite goutte de poison chaque jour (...) Il me disait souvent : 'Tu fais conne à l'antenne', et ça infuse, lentement". Ainsi, elle confie avoir régulièrement fini en larmes. Elle évoque aussi des longues réunions mensuelles qui ont "viré en séances de prise de tête et de larmes".
Plusieurs témoignages avancent une cadence éreintante et un rythme dépassant largement l'amplitude convenue dans leur contrat. Dimitri, auteur et producteur de 2013 à 2018, présente des réclamations "ridicules" sur des détails de la part de Manu Lévy. "C'est de l'acharnement", estime-t-il. Isabelle Giami confie même avoir été rappelée un jour en urgence pour avoir omis "une virgule".
Par ailleurs, certains racontent les surnoms crus et les attaques sur le physique venant du matinalier star de NRJ, ainsi que ses propos homophobes, misogynes et xénophobes. "Il parlait souvent de mes gros seins ou me disait que j'étais ménopausée", confie Isabelle Giami, qui a consigné toutes les réflexions sexistes de Manu Lévy : "2 septembre : Manu m'imite avec une moix de mémère : 'J'ai pas 40 ans, j'en ai 50 et j'ai la chatte toute fripée'. 9 septembre : 'Oh c'est l'automne c'est la saison des poireaux qu'elle se met dans la chatte'. 19 septembre : 'Isa t'as déjà mis tes gros doigts dans ton gros cul ?'".
Selon Dimitri, de nombreux collaborateurs ont fait part de leur mal-être vis-à-vis de ces situations auprès de Gaël Sanquer, le directeur délégué des médias musicaux du groupe NRJ, qui aurait défendu systématiquement Manu Lévy. "Il est au courant, il a vu tant de gens pleurer dans son bureau. Et à aucun moment, il n'est pas du côté des salariés", a déploré Dimitri.
Manu Lévy est également accusé d'avoir orchestré, sous couvert d'humour, une agression sexuelle de son bras droit Nicolas Papon sur une ancienne animatrice. Pour une "blague", celui-ci s'est jeté sur la femme en se frottant à elle contre ses seins. Le matinalier aurait assisté à la scène et se serait amusé de la situation.
Contacté par "Libération", concernant le rythme effréné imposé par l'animateur, Manu Lévy explique ne pas être "ni le manager de l'équipe, ni leur supérieur hiérarchique" et "avoir toujours laissé le choix aux équipes de s'organiser comme elles le veulent". Il rejette aussi toutes les accusations : "Je suis exigeant, précis rigoureux mais je n'ai jamais méprisé personne. Je peux faire des 'vannes' en studio, mais jamais dans le but de me moquer". Et d'assurer que si "l'une des intervenantes sur l'émission a en effet pleuré", c'était "pour des raisons personnelles" et que ses réflexions "sont toujours professionnelles, dans le but d'améliorer la qualité de l'émission". Selon lui, si ces collaborateurs quittent NRJ, c'est pour "aller sur une autre station ou chaîne".
Gaël Sanquer, pour sa part, indique qu'en "treize saisons, jamais Manu n'a fait l'objet du moindre signalement officiel".
De son côté, Pierre Vignal, l'avocat des quatre anciens salariés de NRJ devant les prud'hommes pointe : "Manu a des exigences complètement hallucinantes et ce souci va jusqu'au contrôle total de ses salariés". Il dénonce des "conditions de travail extrêmes où vous êtes à sa disposition et à son service, des agissements répétés qui ont pour effet d'altérer la santé mentale et physique".
Le conseil des animateurs insiste que les anciens salariés de la matinale de NRJ "ne partent pas parce que l'herbe est plus verte ailleurs mais car ce n'est plus tenable" : "Ils craquent en même temps et pour les mêmes raisons sans plan de sortie et alors que dans ce métier-là, les places sont chères". Selon l'avocat, ces faits caractériseraient le harcèlement qui est "le point de départ de ces dossiers" : "Ces agissements vont jusqu'à nuire à la poursuite de leur carrière professionnelle".