Le journal piégé. Hier soir, sur Twitter, un internaute du nom de Malik Milka a révélé s'être fait passer auprès de "Valeurs actuelles" pour un enseignant d'une ZEP à Strasbourg. Dans son témoignage, il expliquait avoir été menacé par des étudiants musulmans après avoir évoqué la Shoah et la laïcité dans sa classe. Il a expliqué sur le réseau social les raisons de son canular.
"Avec toutes ces fausses informations sur les musulmans, je me suis dit qu'il fallait faire un truc pour montrer qu'en racontant n'importe quoi, on pouvait avoir une tribune. Je me suis souvenu que j'avais un vieux compte. Je change le prénom et la bio, et c'est parti, je deviens prof en ZEP", a-t-il débuté. Et d'ajouter : "Je ponds un tweet cliché au maximum et hop ! Damien Rieu me retweet et me follow. Des comptes identitaires s'y mettent. En moins de 12h, 'Valeurs actuelles' me contacte".
Sur le tweet qui a alerté l'hebdomadaire, l'internaute avait écrit : "Je suis professeur à Strasbourg. Mes élèves qui refusent que l'on parle de laïcité et de la Shoah, et je reçois des menaces de mort. Toujours les mêmes profils, qui me traitent de 'vendus'. Intolérable. Je ne me tairai plus sur la haine contre les juifs". L'internaute raconte avoir été ensuite sollicité par un journaliste de "Valeurs actuelles", qui lui a proposé un entretien par téléphone. "Je sors un max de fakes news bien grosses, pensant parfois qu'on allait me griller", a-t-il poursuivi, dévoilant au passage un extrait de l'interview, enregistré à l'insu du membre de la rédaction du magazine. S'en suivra la publication d'un article sur le site de "Valeurs actuelles" baptisé : "A Strasbourg, le cri d'alerte d'un professeur face à la pression communautaire qui sévit dans son lycée", qui reprendra le témoignage du faux enseignant.
Découvrant la supercherie sur Twitter, "Valeurs actuelles" a tenu à présenter ses excuses à ses lecteurs. "Plutôt que de lutter contre l'islamisme, certains préfèrent tenter de piéger des médias. A ceux qui ricanent : se rendent-ils compte de la correspondance avec de nombreux cas existants ? A nos lecteurs : nos excuses pour ce faux témoignage relayé", a déclaré le journal, qui a depuis retiré de son site l'article incriminé.