Consacré à l'immigration clandestine, un reportage de "Zone Interdite" programmé ce week-end sur M6 montre au plus près le très dangereux voyage d'immigrés clandestins souhaitant rallier la France. Parmi les personnes suivies, un groupe de trois Camerounais filmés de la Libye à leur arrivée en France. Consentants au départ, les clandestins s'opposent désormais à la diffusion du reportage comme le rapporte Télérama cette semaine.
Les trois hommes, âgés de 19 à 28 ans, accusent en effet les journalistes qui les ont suivis de les avoir incités à faire ce voyage en Europe. "Alors que nous étions en Libye, des journalistes nous ont incités à nous rendre clandestinement en France en nous promettant monts et merveilles : hébergement, régularisation, une formation pour Joseph, l'entrée dans la Légion pour Emile et moi" a déclaré l'un des clandestins au Nouvel Obs en octobre dernier.
"Ils nous ont dit que tout le monde parlerait de notre histoire. Ils ont même pris en charge une partie du voyage. A notre arrivée à Paris, mi-juillet, ils nous ont abandonnés" a-t-il également raconté au Nouvel Obs. Le groupe de Camerounais a en conséquence décidé de porter plainte contre X pour "aide (...) à l'entrée et au séjour irrégulier, soumission à des conditions de travail et d'hébergement contraires à la dignité humaine, risques causés à autrui, omission de porter secours et escroquerie".
De leurs côtés, les journalistes mis en cause appartiennent à la société de production "Tony Comiti Productions", un important et respecté fournisseur de plusieurs magazines d'information, dont "Zone interdite" ou "Enquête exclusive" sur M6. Interrogée par Le Nouvel Obs le mois dernier, la boîte de prod a fermement démenti les accusations des clandestins. Son patron, Tony Comiti, a ainsi évoqué un "chantage au droit à l'image".
"Je ne sais pas par qui ils sont manipulés. Ils étaient candidats au départ et nous n'avons rien payé, rien promis !" a-t-il affirmé à nos confrères. Seul paiement reconnu dans le reportage lui-même, celui des billets de train des trois clandestins de l'Italie à Paris. "Ne pas donner de fric, c'était l'ordre de départ" a précisé cette semaine à Télérama Tony Comiti. "Mais en Italie on n'allait pas les laisser crever" a fait valoir le producteur. Pour sa part, M6, simple diffuseur, ne souhaite pas commenter l'affaire et a décidé de maintenir la diffusion, dimanche soir, de ce reportage intitulé "Clandestins : ils traversent l'enfer pour venir vivre en France".