"Le Monde" appelle à voter Emmanuel Macron. Dans un éditorial publié aujourd'hui, Jérôme Fenoglio, le directeur du quotidien, l'annonce sans détour en évoquant une "responsabilité historique". "L'élection de Marine Le Pen à la présidence de la République constituerait une agression contre l'Etat de droit, une régression de la prise en compte de la catastrophe climatique, une révision de nos alliances extérieures au pire moment, alors que l'atroce guerre imposée par Vladimir Poutine à l'Ukraine achève de dévoiler la vraie nature d'un régime avec lequel la candidate a été si complaisante", estime la voix du journal.
"Pour 'Le Monde', ce rejet de l'extrême droite ne peut souffrir aucune ambiguïté. Nous avons rappelé, avant le scrutin, que le Rassemblement national était tout aussi opposé à nos valeurs qu'à l'intérêt national", ajoute Jérôme Fenoglio. Et d'assumer : "En bonne logique, la seule manière efficace d'oeuvrer pour sa défaite est d'appeler à voter pour Emmanuel Macron".
Lors de la présidentielle 2017, "Le Monde" avait déjà apporté publiquement son soutien à Emmanuel Macron, opposé au deuxième tour à la même Marine Le Pen. "Nous avons redit, avant le scrutin, que le Front national est incompatible avec chacune de nos valeurs, avec notre histoire et notre identité. Logiquement, nous souhaitons donc la défaite de Marine Le Pen et appelons pour cela à voter en faveur d'Emmanuel Macron", écrivait à l'époque le même Jérôme Fenoglio, usant de termes similaires à ceux d'aujourd'hui.
Le 8 avril, le directeur du quotidien avait déjà mis en garde, dans un autre éditorial, contre les "deux dangers" du premier tour de la présidentielle qu'il percevait : l'abstention et l'extrême droite. Jérôme Fenoglio avait dans la foulée appelé les lecteurs de son journal à voter, et à ne pas apporter leur suffrage à Eric Zemmour ou Marine Le Pen. "Parmi les candidatures majeures à ce scrutin, deux d'entre elles, celles de Marine Le Pen et d'Eric Zemmour, sont incompatibles avec tous nos principes, tout autant qu'elles sont contraires aux valeurs républicaines, à l'intérêt national et à l'image de la France", avait-il écrit.
A l'inverse de son édito d'aujourd'hui, Jérôme Fenoglio n'avait en revanche pas apporté son soutien à un candidat. "Le rôle du 'Monde', journal et site d'information, dont la rédaction est indépendante de tout pouvoir, n'est pas de soutenir un candidat, encore moins d'appeler à voter pour lui", écrivait-il alors.