Le CSA hausse le ton. Les Sages mettent en demeure TF1 de respecter l'interdiction de la promotion croisée en faveur de sa chaîne info, LCI, sur son antenne. Depuis plusieurs jours, la Une assurait en effet des relais dans ses JT ou ses espaces publicitaires. "Faute de s'y conformer dans les plus brefs délais, la société TF1 pourrait faire l'objet d'une procédure de sanction", prévient le Conseil dans un communiqué lapidaire publié hier dans la soirée.
Comme vous l'a révélé puremedias.com le 16 septembre dernier, TF1 avait choisi de passer en force pour assurer la promotion de sa chaîne LCI sur son antenne, alors que sa convention lui interdit. A la fin de certaines éditions des JT du 13 Heures et 20 Heures, une voix off invite les téléspectateurs à "retrouve(r) l'information en continu sur LCI canal 26 et LCI.fr". Une promotion parfois assurée par les présentateurs des JT eux-mêmes ! "La rentrée syndicale, la loi travail, sans doute Alstom bien sûr, ce sera le thème de l'émission d'Yves Calvi avec ses invités cet après-midi sur LCI", a par exemple lancé le 15 septembre Jean-Pierre Pernaut en plein journal.
La Une a aussi assuré la réclame pour LCI hors de son JT, lors de la traditionnelle séquence de promotion croisée annonçant chaque soir les programmes de chacune des chaînes du groupe (TMC, NT1 et HD1). "Et toute l'information sur LCI, canal 26 de la TNT", ont ainsi pu entendre marteler quotidiennement les téléspectateurs à la fin de cette série de bandes-annonces.
Cette "promotion croisée" lui était pourtant interdite en théorie depuis qu'elle a pris devant le CSA l'engagement de ne pas y recourir, conformément à l'avenant du 16 février dernier de sa convention. C'était l'une des conditions au passage de LCI sur la TNT gratuite. Mais Gilles Pélisson, patron de la chaîne, a récemment saisi le Conseil pour qu'il revienne sur cette restriction.
Pourquoi TF1 n'a-t-elle pas attendu l'arbitrage du CSA avant de se lancer ? La Une se réfugie derrière la définition de la promotion croisée donnée par... le CSA dans son étude d'impact sur le passage de LCI en gratuit. "La promotion croisée consiste en l'annonce à caractère purement informatif d'un programme mentionnant son titre, le service de télévision sur lequel il sera diffusé, la date et l'heure de cette diffusion", précisaient ainsi en novembre 2015 les Sages de l'audiovisuel, reprenant la définition donnée par l'Autorité de la concurrence dans un avis publié un mois plus tôt.
"L'interdiction de promotion croisée ne concerne pas les compléments d'information et renvois éditoriaux", s'était justifiée TF1 auprès de puremedias.com il y a quelques jours. Enfin, concernant la publicité faite à LCI au moment des bandes-annonces programmes de l'ensemble des chaînes du groupe, TF1 estimait là aussi qu'il n'y avait rien d'irrégulier. "Ce n'est pas de la promotion croisée, car on ne promeut pas un programme", expliquait ainsi un porte-parole de la chaîne. Mais le CSA n'est visiblement pas de cet avis.
JB/MF
Mise à jour 12h41 : Dans un communiqué publié à la mi-journée, le groupe TF1 affirme prendre acte de cette mise en demeure. Il annonce son intention de s'y conformer en cessant donc toute "promotion croisée" de LCI sur son antenne.
Après avoir tenté de passer en force, le groupe de Gilles Pélisson souhaite désormais "ouvrir une réflexion avec le CSA sur la modification que l'arrivée de la chaîne franceinfo entraîne dans le paysage des chaines d'information en continu et ses conséquences sur les engagements qu'il a pris". Selon lui, "la promotion exceptionnelle relative à la chaîne France Info, réalisée sur les antennes des services publics (France Télévisions et Radio France) ne pouvait être anticipée par les signataires de la convention autorisant LCI à émettre en clair. "Elle a créé une situation de concurrence inédite qui modifie substantiellement le cadre d'analyse pour LCI des engagements pris par le Groupe TF1", estime la filiale de Bouygues dans son communiqué.