Les femmes journalistes dénoncent le sexisme des responsables politiques français. Dans une tribune publiée hier sur Libération.fr et intitulée "Nous, femmes journalistes politiques et victimes de sexisme...", quarante d'entre-elles se disent ainsi régulièrement victimes d'attitudes sexistes dans leur travail. Parmi les signataires du texte, de nombreuses plumes de la presse écrite comme Nathalie Schuck du "Parisien", Hélène Bekmezian du "Monde", ou encore Lenaïg Bredoux de "Mediapart" mais aussi des voix de la radio comme Christine Moncla de France Culture ou Annabel Roger de RMC. A noter que certaines journalistes signataires ont préféré rester anonymes au nom de "situations professionnelles compliquées".
Pour illustrer leur tribune, les journalistes féminines rapportent un certain nombre d'anedoctes issues de leur vie professionnelle. "Aux 'Quatre-Colonnes', la petite salle où circulent députés et bons mots au coeur de l'Assemblée nationale, c'est un député qui nous accueille par un sonore : 'Ah mais vous faites le tapin, vous attendez le client'. Ou un autre qui nous passe la main dans les cheveux en se réjouissant du retour du printemps. Au Sénat, c'est un parlementaire qui déplore que nous portions un col roulé et pas un décolleté", raconte notamment le texte.
Et d'ajouter : "Il y a aussi les soupirs condescendants qui accompagnent nos interrogations en conférence de presse : 'Ça, c'est bien une question de fille.' Les textos – classiques, récurrents, insistants – nous mettant le marché en main : 'Une info, un apéro'". "Autant de démarches qui relèvent de 'l'humeur badine', de 'l'humour potache' ou de 'l'art de la séduction à la française'", ironisent-elles.
Les quarante femmes journalistes affirment que les responsables politiques concernés par ces anedoctes "sont issus de toutes les familles politiques sans exception" et "naviguent à tous les niveaux du pouvoir". Les signataires précisent que "ces manifestations de 'paternalisme lubrique'" ne sont pas quotidiennes. "Une grande partie de l'establishment politique fait montre d'une éthique personnelle et professionnelle qui lui évite les faux pas", soulignent-elles. Ces journalistes politiques femmes regrettent malgré tout le peu de changement constaté depuis l'affaire DSK. Avant de conclure : "Tant que la politique sera très majoritairement aux mains d'hommes hétérosexuels plutôt sexagénaires, rien ne changera".
Sur Twitter, un certain nombre de responsables politiques féminines ont salué la démarche comme l'écologiste Cécile Duflot ou les socialistes Valérie Fourneyron et Marie-Pierre de la Gontrie.