Alors que l'Autorité de la concurrence a autorisé lundi l'opération de rachat des chaînes du groupe Bolloré, Direct 8 et Direct Star, par Canal+, Nicolas de Tavernost a de nouveau exprimé son inquiétude, soulignant la "forte responsabilité (du CSA) lorsqu'il examinera les conséquences d'une arrivée de Canal+ sur le marché de la télévision gratuite". Si le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel s'est accordé un délai de deux mois pour se prononcer sur ce rachat, le patron de M6 appelle l'organe de contrôle à "refuser l'opération".
A l'occasion de la publication des résultats du groupe M6 pour le premier semestre 2012, Nicolas de Tavernost a souligné que "l'autorité a bien remarqué qu'il y avait un problème de concurrence". Lundi, l'Autorité a en effet donné son feu vert au rachat des chaînes du groupe Bolloré par Canal+ sous conditions. "Est-ce qu'elle en a tiré toutes les conséquences techniques qui sont complexes ? Est-ce qu'elle en a fait une bonne analyse juridique sur les conglomérats et les effets sur le marché ?", s'est interrogé le dirigeant qui prévoit d'analyser en détail la décision de l'Autorité de la concurrence une fois qu'elle aura été publiée dans son intégralité. "Nous n'excluons rien à ce stade", a indiqué Nicolas de Tavernost, qui juge "relativement light" les conditions techniques prévues par l'Autorité de la concurrence.
"Nous allons être extrêmement attentifs sur la façon dont le CSA va aborder cette question", a déclaré Nicolas de Tavernost à la rédaction des Echos. "Au CSA d'encadrer cette affaire, il en a tous les moyens juridiques", il est "au pied du mur", a par ailleurs indiqué le patron de M6 au Figaro. "Le Conseil peut encore intervenir - c'est son pouvoir et son devoir - pour que les chaînes (...) qui n'ont cessé, comme M6, d'investir depuis vingt-cinq ans ne voient pas leur croissance stoppée et que les six nouvelles chaînes HD, qu'il a choisi de lancer (...) puissent se développer", a-t-il expliqué.
Mi-juin, dans une interview accordée à puremedias.com, Nicolas de Tavernost s'était déjà opposé à cette opération de rachat, soulignant l'avantage fiscal dont bénéficie Canal+ par rapport aux chaînes gratuites nationales. L'application d'une TVA réduite sur les activités de la chaîne cryptée permet en effet à Canal+ d'économiser 400 millions d'euros, "plus que le résultat de TF1 et M6 réunis".