
Booder n'est pas qu'un humoriste. Loin de là. Derrière le fantastique interprète du "Nounou" sur TF1 se cache un citoyen engagé. Au cours d'un entretien qu'il a accordé à Puremédias, le père de famille de 46 ans qui prône le "vivre ensemble" est revenu sur une polémique qui a agité la sphère médiatique début février. Quelques jours après avoir remplacé Bertrand Chameroy dans " C à vous" sur France 5, l'humoriste Merwan Benlazar avait été la victime d'une rocambolesque polémique. En cause ? Son apparence jugée "salafiste" par certains. À la table du dîner d'Anne-Elisabeth Lemoine, celui qui officie régulièrement dans l’émission de Matthieu Noël sur France Inter, "Zoom Zoom Zen", arborait alors un bonnet et une longue barbe. Immédiatement, le comique de 30 ans s'était retrouvé au cœur d'une polémique qui s'était même invitée au Sénat.
Quelques jours après son passage télévisé, Rachida Dati avait annoncé que l’humoriste n'apparaîtrait plus à la table de l'émission de France 5. En direct lors des "Questions au gouvernement", Nathalie Goulet, sénatrice Union centriste de l’Orne, avait interpellé Rachida Dati sur d'anciens propos jugés sexistes de la part du principal intéressé. La ministre de la Culture avait tout d’abord défendu le gendarme de l’audiovisuel : "Sur la chronique que vous citez, est-ce qu’il y avait quelque chose de répréhensible ? Non. L’Arcom n’a donc pas à être saisi". Elle avait en revanche estimé que Merwane Benlazar avait tenu des "propos scandaleux" par le passé. "À la suite de ces propos, France Télévisions en a tiré les conséquences, il ne sera plus à l’écran", avait-elle annoncé avant de "dénoncer le bruit important des dérives et des dérapages" : "L’apparence, le physique, la tenue vestimentaire ne doivent pas disqualifier sans aucun fondement."

C'est sur sa page Instagram, à travers un sketch que l'humoriste était revenu sur cet emballement médiatique. “Comment expliquer ? Pour donner du contexte, hier, on lisait mes tweets au Sénat et j'ai été viré de mon poste de chroniqueur à la télévision par Rachida Dati. C'est beaucoup d'informations, c'est beaucoup d'informations ! Je savais que j'allais être viré un jour. Par une arabe, c'est chiant. Mais je savais que j'allais être viré un jour. En gros, j'ai été invité pour faire une chronique chez 'C à vous'...”. racontait-il avant de poursuivre : “En gros, je fais la chronique là-bas, sauf que détail important : quand je fais cette chronique, qui était une chronique sur la Ligue des Champions, j'avais un bonnet de docker et ce pull qui fait selon ma femme “Coréen” et selon les racistes “djellaba” tout simplement. Donc, tous les racistes de France, ils sont tombés là-dessus et ils ont cru qu'il y avait un mec en djellaba sur le service public avec une barbe, ils ont pété les plombs”.
"De vendredi à lundi matin, j'avais que des insultes. Il n'y avait pas encore de soutien, que des insultes. Le chiffre c'est : entre 10 et 15 par minute. Je recevais des insultes, des menaces, 10 et 15 par minute. Après lundi, il y a eu les soutiens, ça allait mieux. Tu vois, mais je te dis la vérité, le week-end c'était dur parce que j'avais peur pour ma famille etc. Moi, ça va. Moi, je m'en fous, j'éteins mon téléphone, c'est terminé, révélait-il. Heureusement, ça a été débunké archi-vite ! Tu sais, il y a des gens qui ont dit : "Non non non, regardez, sur ce plan-là, c'est clair, c'est clairement un pull qu'il porte. C'est clairement un pull." Et les racistes, ils ont dit : "OK, OK, c'est un pull, mais regarde dans le pull, un arabe". Quand je vous dis c'est parti en couille, c'est parti en couille, couille, genre Hanouna, Pascal Praud (ça, j'étais content). Dans le milieu Pascal Praud ou comme on aime l'appeler “la reconnaissance”, “la validation”. Jean-Marc Morandini, alors que c'est un de mes adorateurs d'enfants préférés... Quand tous ces gens-là, tu sais, ils parlent de toi toute la journée à la télévision etc, avec les racistes sur internet, des gens du gouvernement, plein de trucs, ça crée une espèce de vague de haine”.
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En promotion pour le retour de sa série, "Le Nounou" ce lundi 17 février à 21h10 sur TF1, Booder est revenu sur cette affaire pour Puremédias. "C'était très violent. Je connais Merwane, il était au Paname Art-Café (café théâtre du XIe arrondissement de Paris, ndlr) à l'âge de 16 ans. Je l'ai vu arriver avec plein d'énergie, plein d'envie et qu'aujourd'hui, on lui casse son rêve, c'est tellement grave. Personne n'a parlé de sa chronique en elle-même. C'était une chronique drôle qui parlait de football. À la place, on le juge sur son accoutrement et l'accuse de terrorisme, j'ai trouvé ça tellement bas" explique-t-il avant de regretter la prise de position de la ministre de la Culture : "Redevenons les gens intelligents que l'on était, réveillons-nous ! Il y en a assez de faire peur aux gens ! "Le nounou" sert à cela aussi : le personnage principal est d'origine maghrébine et de religion musulmane mais il n'en parle pas dans le film. Il est Samir tout simplement. Merwane est un comique. Il a répondu avec beaucoup d'intelligence. Il se retrouve taxé de terrorisme islamiste, c'est grave ! Que la ministre de la Culture intervienne, ça m'a rendu triste. Elle a déconné un peu. Rachida Dati, dont j'admire le parcours, sait ce qu'est d'être ramenée à ses origines. Quand on le vit, je n'ai été ni banquier ni comptable à cause de cela, la dernière chose que l'on a envie, c'est de le faire vivre à quelqu'un d'autre. Je me suis questionné : "Qu'est-ce que tu fais Booder ? En fait, le vivre-ensemble, il n'y a que toi qui y croit" ou alors "Continue ton combat parce qu'un jour ou l'autre, ça va payer". J'ai choisi la seconde option".