Alors que la grève a été reconduite pour le 16ème jour consécutif, la crise s'enlise à Radio France. Mathieu Gallet était "convoqué" à 8 heures ce matin dans le bureau de Fleur Pellerin pour lui remettre le "projet stratégique précis" de son groupe. Au sortir de cette réunion, le dirigeant s'est entretenu aves ses salariés dans les couloirs de la maison de la radio. Il est resté très flou sur les mesures proposées à la ministre.
Selon les salariés présents, Mathieu Gallet a une nouvelle fois rappelé la gravité de la situation financière de Radio France. "Depuis janvier la trésorerie est négative", a-t-il expliqué, en indiquant que les négociations avec l'Etat prévoyaient un "retour à l'équilibre fin 2017". "L'État m'a dit depuis des mois, il n'y aura pas un sou de plus (...) Il va falloir trouver des économies quelque part, avec une hausse de la masse salariale de 4 millions d'euros par an", a-t-il indiqué. Outre le plan de départs de 200 à 300 personnes, il a indiqué avoir demandé une refonte de l'assiette de la redevance, avec une taxation par foyer.
"On est allé au maximum sur les négociations et l'Etat ne veut pas nommer de médiateur", a déploré Mathieu Gallet qui attend "un signe de confiance" pour sortir de la crise et de la grève. Il a indiqué qu'une réunion interministérielle avec le ministère de la Culture et celui du Budget arbitrerait les questions financières "sans doute dans les prochains jours".
Après le rapport accablant de la Cour des comptes, et alors que les auditeurs s'impatientent, de nombreux éditorialistes dénoncent l'enlisement du conflit. Parmi les plus sévères, Le Monde. Dans son éditorial, il pointe du doigt la responsabilité des directions successives qui ont laissé dériver les finances et celle de l'Etat qui a voulu imposer au forceps la rigueur à Radio France.
"On ne réduit pas de 87 millions d'euros en trois ans les versements initialement prévus (dans) une telle entreprise sans provoquer de très sérieuses difficultés", tance le quotidien. Visé aussi, le jeune dirigeant du groupe, pas assez aguerri au fonctionnement du groupe. "Radio France est en grève pour que rien ne change à Radio France. Fascinant désir d'immobilisme, pour ne pas dire de conservatisme", conclut Le Monde en rappelant à tout le monde les bases de la notion de "service public".