Delphine Ernotte n'aura pas "fromage et dessert". Il y a deux semaines, la patronne de France Télévisions était pourtant montée au front dans les colonnes de "Society", plaidant notamment que "le spot de pub entre le journal télévisé et le programme de première partie de soirée, (...), c'est 80 millions d'euros par an de revenus potentiels !". Une belle timbale qui aurait soulagé la dirigeante, confrontée à une équation budgétaire pour le moins ardue.
À l'occasion de la présentation du budget de la Culture pour 2018 - en hausse, à près de 10 milliards d'euros -, Françoise Nyssen, ministre de la Culture, a confirmé la baisse des moyens alloués à l'audiovisuel public l'an prochain. L'effort demandé à France Télévisions portera sur 36 millions d'euros. Les crédits accordés au groupe audiovisuel public diminueront de près de 50 millions d'euros par rapport au contrat d'objectifs et de moyens signé en 2016 et qui anticipait une augmentation progressive de ses revenus jusqu'en 2020.
Là où le bât blesse pour Delphine Ernotte, ardente défenseur du retour de la publicité après 20h sur les chaînes du groupe France Télévisions, c'est que Françoise Nyssen a fermé cette porte. Interrogée par nos confrères du "Figaro", la ministre de la Culture assure que "le sujet n'était pas à l'ordre du jour". "Réfléchissons d'abord à la façon dont les différentes entités du service public peuvent collaborer et voyons comment cela se traduit dans les budgets" a déclaré la ministre avant d'ajouter qu'elle considère que "l'absence de publicité après 20h est un élément différenciant important avec les chaînes privées".
Ce blocage non-négociable sur le retour de la publicité est un coup dur pour la patronne de France Télévisions. Celle-ci va donc devoir se résoudre à "couper dans les programmes" et "dans la création", son cheval de bataille, comme elle l'avait laissé entendre en début de semaine lors de l'édition 2017 de "Télérama dialogue". Pour rappel, dans le cadre de son plan création, annoncé début janvier, la présidente de France Télévisions s'était engagée à augmenter de 20 millions d'euros par an jusqu'en 2020 l'enveloppe budgétaire dédiée à la création.