Une information, deux interprétations. Cette semaine, suite à la publication d'un rapport de l'OCDE sur l'éducation, les salaires des enseignants français ont fait la Une de l'actualité. Mardi, reprenant une dépêche AFP, les sites du "Figaro", de "Libération" ou encore de "Challenges" titraient ainsi : "Salaires des profs : La France sous la moyenne des pays de l'OCDE". Sur le site de BFMTV, on retrouvait un article intitulé "Les profs français sont plutôt mal payés comparés aux enseignants d'autres pays".
Pourtant, dans le même temps, "Les Echos" titraient "La moyenne des salaires des enseignants est plus élevée en France qu'ailleurs". Même son de cloche du côté de LCI où François-Xavier Pietri, éditorialiste éco dans la matinale de Pascale de La Tour du Pin, a proposé une chronique intitulée : "Non, les profs ne sont pas mal payés". Dans le même ordre d'idée, dans la rubrique fact-checking présente sur le site du "JDD", il était écrit : "Non, les enseignants français ne sont pas moins bien payés que dans la moyenne des pays de l'OCDE".
Difficile d'y voir clair entre ces titres interprétant un seul et même rapport et indiquant deux informations radicalement opposées. En fait, certains médias ont anglé sur le revenu brut annuel des profs sans tenir des compte des primes et du paiement des heures supplémentaires. Sur la base de ces chiffres, il apparaît que les salaires des enseignants français sont inférieurs de la moyenne des pays de l'OCDE, avec une disparité selon l'avancement de carrière. En revanche, en intégrant le salaire des professeurs agrégés, qui touchent des primes et des heures supplémentaires, la moyenne dépasse celle des autres membres des pays de l'OCDE.
Toutefois, le classement établi par l'OCDE est une moyenne entre 36 pays considérés comme développés. Tous ces pays n'ont pas un niveau de vie comparable à celui de la France. Comme l'observe RTL, par rapport à ses plus proches voisins, avec lesquels la France partage les mêmes standards, le salaire des profs français apparaît bien comme inférieur, particulièrement pour les instituteurs. De fait, les articles et séquences qui ont anglé sur le salaire moyen plus élevé des enseignants français ont généré un mouvement d'indignation sur Twitter via la mise en place du hashtag "#BalanceTaFichedePaiedeProf".
La chronique de François-Xavier Pietri sur LCI a été particulièrement visée. Il faut dire que l'économiste de la chaîne info du groupe TF1 a affirmé que "les arguments des profs" pour revendiquer une hausse de salaire sont infondés. Surtout, et sans que ce ne soit spécifié à l'écran, ont été affichés les salaires bruts moyens des professeurs et non les salaires nets perçus. Par exemple, un professeur de lycée ne touche pas 3.850 euros en moyenne, comme annoncé par LCI mais une somme moindre, dont ont été retranchées les cotisations salariales.