C'est la dernière partie de notre série d'interviews que Sébastien Thoen a accordée à puremedias.com à l'occasion de la sortie de son livre autobiographique et humoristique, "Chagrin d'humour", aux éditions Harper Collins. Dans cette ultime partie, celui qui fait désormais partie de la bande de Laurent Ruquier dans "Les grosses têtes" de RTL et qui officie tous les jeudis matins dans la matinale d'Yves Calvi et Amandine Bégot se confie sur sa vision de la télévision, revient sur la promotion médiatique de son ouvrage et évoque ses projets à venir. Et comme pour les deux premières parties, le second degré est recommandé pour lire cet entretien.
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Propos recueillis par Florian Guadalupe.
puremedias.com : Aujourd'hui, quelle est votre vision de la ligne éditoriale de Canal+ ?
Sébastien Thoen : Je ne regarde pas beaucoup. Je n'ai pas Canal. Mais j'aime bien la Formule 1 et j'aime bien les films avec Michèle Laroque. J'ai l'impression qu'il y a tout le temps des films avec Michèle Laroque. Je ne sais pas pourquoi. Je trouve ça très bien.
"Je ne suis pas sûr qu'une superbe émission en clair cartonnerait à 19h sur Canal+"
Vous avez connu l'âge d'or de l'access de Canal+. Comment réagissez-vous aujourd'hui en voyant la case en clair de la chaîne désertée ?
Il y a "En Aparté", c'est ça ? (il réfléchit) Et Mouloud ! (rires) Moi, je n'ai jamais compris pourquoi il y avait des émissions en clair. Pourquoi tout n'est pas crypté ? Limite, je trouve que c'est une bonne idée de Vincent Bolloré d'avoir zappé le clair pour miser sur le crypté. Et la question après : qu'est-ce que tu mets en crypté ? Aujourd'hui, il y a une telle profusion d'images que je ne suis pas sûr qu'une superbe émission en clair cartonnerait à 19h sur Canal+. L'abonné paye. C'est lui qui doit avoir la primeur des meilleures émissions. En fait, je n'ai jamais compris cette histoire de clair. Ca perturbe les gens. Ils ne savent pas ce qui est en clair et en crypté. Combien de fois on a eu ce problème avec "Action Discrète"... Les gens nous disaient : "J'aimais bien ce que vous faisiez mais je ne vous vois plus". Je leur répondais : "Mais si, on a changé d'horaire. On est le dimanche à 15h15". Et les gens ajoutaient : "C'est con, je n'ai pas Canal". En fait, Canal ne communiquait pas sur ses programmes en clair. Ils étaient nuls, les patrons d'avant. Je préfère qu'on mette tout en crypté. Il a raison, Bolloré.
Aujourd'hui, c'est l'ère du talk à la télévision. Que pensez-vous des émissions actuelles du PAF ? Vous aviez collaboré avec "Le grand journal" à l'époque d'Antoine de Caunes.
Je trouve que "C à vous", c'est sympa. Tu bois le thé. Tu regardes. Tout le monde se suce dans l'émission avec l'argent de la redevance. Mais l'émission reste intéressante. Yann Barthès... Je suis trop hétéro et trop à droite. Je n'y arrive pas, même si je trouve ça très bien. J'embrasse Yann qui est quelqu'un de bien. "TPMP", j'adore ! C'est une caméra cachée sur pattes, quoi ! Là où ce n'est pas cool, c'est que si tu veux faire une série sur les coulisses d'une émission de télé avec un animateur complètement allumé, à qui on a filé une chaîne, pour faire n'importe quoi dans une crise globale dans le pays, lui, il a déjà tout fait. J'ai adoré sa caméra cachée avec Louis Boyard. Aussi bien la première émission que la deuxième, quand tous ses chroniqueurs viennent lui dire qu'il est génial. Géraldine Maillet mérite un César pour sa prestation. Il y a aussi l'autre, là, la vieille, Moreau. Danielle Moreau et Géraldine Maillet, ce sont les nouvelles Isabelle Adjani et Simone Signoret. (rires) Tu as vu l'émission ? C'était un sketch ! Respect ! J'aime le music-hall. J'aime le spectacle. L'émission est folle. Bravo Baba.
"Le comique est là pour servir l'émission"
Dans le livre, vous dites ne plus croire au rôle de "comique télé libre et épanoui dans les talks". Ca existe encore, non ?
Oui ! Je parlais de moi. Il n'y a que moi qui m'intéresse. Mon cas est un cas d'école, et en même temps, non. Je n'ai pas non plus que des mauvais souvenirs. Mais il ne faut pas se leurrer. Le comique est là pour servir l'émission. C'est normal. Donc, très vite, tu peux passer à la trappe. Très vite, si ça ne marche pas tout de suite, on peut t'écarter. C'est précaire comme postulat. Il faut juste tomber dans une émission qui a vraiment envie de toi. Si ce n'est pas le cas, c'est forcément compliqué, parce que le chef de bande ne rigole pas à tes blagues ou te soutient peu. Ce n'est pas entraînant et tu peux douter. Mais regardez Chameroy dans "C à vous", on voit qu'il est aimé, attendu et souhaité, donc ça se passe bien. Mais il n'y en a pas tant que ça des cas comme celui-là. Les autres sont un peu envoyés au casse-pipe. Ou alors on inverse. C'est un comique qui présente et ce sont des gens sérieux, qui d'habitude sucent les invités, qui font les comiques. On pourrait peut-être permuter. Donc, Chameroy devrait présenter "C à vous" et Anne-Elisabeth devrait faire les petites chroniques rigolotes. Essayons !
Vous qui avez fait de nombreuses caméras cachées, que pensez-vous de la nouvelle génération, dont notamment Greg Guillotin ?
J'aime bien Guillotin. Après, on se doute bien que quand il piège une entreprise, toute la boite est au courant. On a dû dire à la boite : "Il y a le neveu du patron, il vient faire un stage, soyez sympas avec lui". Au-delà de ça, il est fort. J'en ai vu quelques-unes, il est marrant. C'est marrant, mais ça ne vaut pas... Camille Cottin ! (silence) Qui elle, pour le coup, n'a jamais triché pour une caméra cachée. On voit bien dans son film d'ailleurs. (rires) Elle a quand même fait un "making-of" pour expliquer que c'est pipeauté. Après, il paraît qu'il y a plein de jeunes sur Youtube. Je ne connais pas trop, mais il y en a sûrement des bons. En plus, les youtubeurs, eux, ils ont des couilles ! Allez voir Vincent Bolloré dans son bunker en Bretagne et proposez-lui de relancer "Action discrète". On prend les petits jeunes qui sont bons, les vieux comme moi qui se démerdent un peu et Vincent à la baguette. Mais Guillotin, il voulait venir avec nous à un moment. Il nous avait proposé de participer à un projet. On avait eu le contact.
"Canal+ m'a appelé, ils veulent faire un biopic de Stéphane Ravier"
Vous avez commencé la promotion de votre ouvrage depuis un mois. Vous êtes notamment passé dans "Quelle époque" de Léa Salamé sur France 2. Vous aviez demandé ouvertement à Cyril Hanouna de vous inviter dans "Touche pas à mon poste" sur C8. Vous a-t-il répondu ?
Non. Pourtant, j'ai touché la corde sensible, les couilles. (Il avait lancé sur France 2 : "Hanouna, invite-moi si t'as des couilles !", ndlr) Je n'ai pas de nouvelles. C'est bizarre. Mais on a aussi proposé de réaliser une interview avec Prisma Média. Mais je n'ai toujours pas eu de réponses de "Voici", "Télé-Loisirs"...
Auriez-vous réellement accepté d'aller dans "Touche pas à mon poste" ?
S'il m'invite, c'est simple : c'est "Le jeu de la vérité" avec Coluche en 1988. Ce sera cette émission-là. On sera sûrement moins drôle que l'émission avec Louis Boyard et le débrief. Ca va être dur. Je suis fasciné par cette émission. Surtout le débrief. Il a même invité des politiques qui sont d'accord avec lui ! Hanouna, c'est un super scénariste. Faut qu'il fasse des films. Fais "Darka, le film", "Rassrah, le film", "Danse du genou, le film"...
Lors de votre promotion, vous aviez aussi donné une interview à "TV Mag". Ils ont repris une fausse information que vous aviez donnée, celle du reboot de "Maguy" sur Amazon Prime Video, avec Jonathan Cohen et Marina Foïs. Aviez-vous prévu le coup à l'avance pour les piéger ?
Vous connaissez les journalistes. Ce sont des morpions. Ils s'intéressent à ce que vous faites et en même temps, ils veulent du buzz. Moi, j'ai voulu lui filer du buzz au petit. Comme toi, je vais t'en donner un. Tu peux l'écrire. Canal+ m'a appelé, ils veulent faire un biopic de Stéphane Ravier. Il y aura une spéciale politiques dans un an. Tous bords politiques, hein ! Canal+ reste une chaîne de gauche. Il y a un biopic de Stéphane Ravier qui est prévu. Oui, sur le sénateur lepéniste qui a rejoint Zemmour. Si tu regardes bien, je suis vraiment son sosie. Et Marseille, c'est un peu chez moi. Ca colle parfaitement. On est en négo. C'est Gérald-Brice Viret qui m'a proposé.
"Je ne sais pas si je vous ai dit toute la vérité, mais je l'ai dit avec sincérité"
Quels sont vos projets dorénavant ?
J'ai découvert une super belle maison qui est RTL. Je me sens chez moi. C'est le nouveau Canal. Je m'éclate. "Les grosses têtes", c'est super. La matinale, je me marre bien. Il y a une vraie rencontre professionnelle avec Laurent Ruquier qui est un mec top. Pour le coup, c'est un vrai chef de bande. Quand il te prend, il est vraiment avec toi. Ca dure ce que ça dure. On n'est pas là pour bosser dix ans. J'aimerais aussi faire de la scène. Pas forcément tout seul, mais avec des gens. J'aimerais également refaire du documentaire touristico-comique. Donc, je le dis si ça intéresse des gens. Puis, avec Ardisson, on refait "Hôtel du temps" sur France 3. Il y a quand même quelques trucs.
Dans votre ouvrage, vous parlez du projet avorté d'un film sur les supporters de football. Est-ce toujours une envie ?
Oui ! Tu imagines en ce moment ? Les Ultras au Qatar ? Moi, je n'ai pas 36 idées de films. Après, moi, le format m'importe peu. Je n'ai pas envie de faire un film pour faire un film. On peut faire un film génial et une émission de radio nulle. On peut faire un blog sur internet super et une série pourrie. J'aime bien les gens qui naviguent sur plein de projets et qui font des trucs bien à droite et à gauche. Si j'ai l'opportunité de faire un film qui me plaît et qui plaît à des producteurs, oui, j'ai envie, évidemment. C'est vrai que les supporters de foot, c'est un vrai sujet. Il y a un vrai film d'aventure à faire, à la fois burlesque, décalé et folklorique, avec ce truc un peu bizarre chez les supporters, qui sont passionnés, touchants et capables d'être des hooligans en deux minutes. J'aime tout ce que ça implique : le voyage, la passion, la ferveur, la foule... Ca dit plein de trucs. On a bien fait des séries avec des urgentistes et des bikers.
Faisons un bilan de cette série d'interviews. Qu'est-ce qui est vrai et faux dans les réponses que vous avez données ?
Tout est vrai, sauf le fait que j'étais content de vous voir. Franchement, je préférais quand c'était Ozap. Je trouve qu'Ozap, ça sonnait mieux que Puremédias. (rires) Sérieusement... Je ne sais pas si je vous ai dit toute la vérité, mais je l'ai dit avec sincérité.