Des journalistes inquiétés pour avoir fait leur travail. Vendredi dernier, dans le parc de Bourgines, à Angoulême, des Gilets jaunes avaient organisé faux procès d'Emmanuel Macron suivi d'un simulacre de décapitation du chef de l'État. Les images du pantin décapité avaient ensuite circulé dans la presse et sur les réseaux sociaux et avaient été évoquées, avec indignation, par le Premier ministre. De son côté, la préfecture de Charente avait immédiatement réagi en saisissant le parquet d'Angoulême qui avait alors ouvert une enquête pour "provocation au crime et outrage".
Selon le titre local "Charente Libre", les trois organisateurs du simulacre d'exécution ont été convoqués ce vendredi matin et devraient être placés en garde à vue. Par ailleurs, le journal charentais révèle que trois de ses journalistes, un reporter, un photographe et un membre de la rédaction en chef, ont été entendus par les services de police. Selon "Charente Libre", les trois journalistes ont été entendus, non pas comme témoins, mais comme "mis en cause" pour "provocation non suivie d'effet au crime ou délit par parole, écrit, image ou moyen de communication au public par voie électronique". Renaud Joubert, le photographe incriminé, a posté sur son compte Twitter le document fourni par le tribunal d'Angoulême.
Dans un article, "Charente Libre" s'offusque du traitement réservé à ses journalistes "alors même qu'ils ont couvert cet événement -comme toute manifestation d'actualité- selon les critères déontologiques et conformes au droit à l'information". "Fidèle à sa conception du journalisme sans complaisance, tant à l'egard des pouvoirs que des groupes de pression ou des mouvements tels que les gilets jaunes, 'Charente Libre' continuera de remplir sa mission de témoin" assure le journal qui affirme "(se réserver) toute possibilité de recours à l'egard de ceux qui tenteraient de limiter ce rôle".