

L'un reste bloqué à l'entrée du siège de Skyrock, l'autre campe dans son bureau depuis mardi soir. Alors que l'arrivée de Marc Laufer à la tête de la radio rap est contestée de toutes parts, Pierre Bellanger, fondateur et actionnaire à 30% de la station résiste. « Avec détermination », il a reçu cet après-midi les journalistes dans son bureau qu'il ne quitte plus depuis mardi soir. Depuis qu'Axa Equity (actionnaire à 70%) a décidé de vendre sa participation et surtout d'imposer un nouveau PDG pour augmenter la rentabilité du groupe (lire son interview).
« Que les choses soient très claires, je n'ai jamais souhaité me désengager de Skyrock » lance en préambule de la conférence de presse Pierre Bellanger. Emu aux larmes, le fondateur de Skyrock a fustigé l'actionnaire principal « qui veut casser Skyrock pour la vendre ». Bellanger, privé depuis deux jours de toutes ses fonctions opérationnelles, ne croit pas aux promesses faites par la nouvelle direction, qui assure ne pas vouloir réduire les effectifs ou modifier le format de la station. « On entend un discours rassurant, que rien ne change, que la situation est bonne. Alors pourquoi changer ? » s'interroge-t-il. Peut-être car Skyrock a dégagé de légères pertes et un chiffre d'affaires en repli pour 2010 (32,7 millions d'euros contre 40,7 en 2009). Mais sa santé n'est pas fragile, « Skyrock dispose de 10 milllions d'euros de trésorerie » assure Bellanger.
Pierre Bellanger, à « la détermination sans faille », a déclaré alors « se porter acquéreur de l'ensemble du groupe » ce mercredi après-midi. Comment et à quel prix ? Impossible de le savoir pour l'heure même si son objectif « est de constituer un nouveau montage avec pôle majoritaire accompagné d'acteurs soucieux de respecter le format Skyrock ». En clair, chercher des partenaires, médias de préférence, pour racheter les parts d'Axa et le maintenir à son poste. Vendredi, il avait déjà proposé à l'actionnaire principal de racheter le pôle Internet, sans succès. Alors Bellanger résiste. Et il peut compter sur le soutien de ses salariés, venus nombreux l'écouter et le soutenir cet après-midi aux côtés des journalistes. De nombreux auditeurs squattaient encore la rue Greneta à Paris ce mercredi pour soutenir l'ancienne direction.
« J'adore faire gagner de l'argent aux fonds d'investissement. Tous les actionnaires de Skyrock sont sortis jusqu'à présent avec une plus value » assure le papa de la radio. « Ils allaient gagner de l'argent mais qui ils ont voulu casser une dynamique » assure-t-il. Bellanger ne veut pas d'un plan d'économies « qui mettrait l'entreprise en danger » (on a parlé de 2 millions d'euros). Pour appuyer ses arguments, il cite un audit réalisé récemment par Cap Gemini ayant démontré « une gestion exemplaire, avec même certains services en sous-effectif ».
Pierre Bellanger l'assure, il ne bougera pas de son bureau « tant que la crise ne sera pas résolue ». « Ce n'est pas ça l'histoire de Skyrock (...) On est tous émus au coeur. On est dans un état d'émotion extraordinaire » a-t-il expliqué. Depuis deux jours, la radio diffuse de nombreux messages de soutien des artistes et politiques à son patron. Mais dans le camp d'en face, la détermination est tout aussi grande. « Je suis hyper motivé, extrêmement déterminé évidemment ! Le conseil d'administration aussi donc il n'y a pas de raison pour que les uns et les autres reviennent en arrière. Ma problématique n'est pas de savoir ce qui se passe aujourd'hui mais plutôt de ce qui se passera demain et je pense qu'on y arrivera tous ensemble » nous expliquait ce matin Marc Laufer, le nouveau patron de la radio. Qui craquera le premier ? Bellanger n'hésitera pas à « interpeler les pouvoir publics » s'il le faut. Même s'il reconnait qu'Axa « est juridiquement dans son bon droit ». « Ils sont majoritaires, c'est une décision d'actionnaire » a-t-il conclu.