Hier, le Journal de 20 Heures de David Pujadas (comme celui de Gilles Bouleau sur TF1) s'est arrêté 5 minutes à peine avant l'annonce de la libération de Florence Cassez par la Cour suprême du Mexique. Un aléas de l'actualité qui a fait le plus grand bonheur des chaînes d'info en continu qui ont enregistré de bonnes audiences en restant en direct après 20h45. En revanche, ce midi, France 2 a retransmis en direct dans un journal de 13 Heures rallongé (il a duré 80 minutes en tout) l'atterrissage de la Française à l'aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle. Une différence de couverture qui peut surprendre. Les explications de Thierry Thuillier, le directeur de l'information de France Télévisions.
Propos recueillis par Benoît Daragon.
puremedias.com : A 5 minutes près, David Pujadas aurait pu hier soir annoncer dans son 20 Heures la libération de Florence Cassez. Pourquoi avoir rendu l'antenne alors que les délibérations se terminaient ?
Thierry Thuillier : Parce que nous n'étions pas sûrs de l'heure du verdict ! Une audience de tribunal, on sait quand ça commence mais jamais quand ça termine. Je me méfie des "toutes dernières minutes" qui durent des heures. Hier, en rendant l'antenne, nous ne pouvions pas être certains que le verdict serait rendu 5 minutes plus tard. Mais cela aurait très bien pu prendre encore une heure. Si nous étions restés en direct pour rien, tout le monde nous aurait reproché, à juste titre, d'avoir mobilisé l'antenne pour ne rien dire, en faisant tourner en boucle le peu d'images dont nous disposions.
Pourquoi ne pas avoir repris l'antenne juste avant le début du prime-time pour faire un flash, même de 3 minutes ?
Parce que 5 minutes après le JT, les techniciens et les équipes ont quitté le studio ! La régie finale avait repris le contrôle et envoyé les bande-annonces et les programmes courts qui précédaient "Rouge Brésil" (la fiction que la chaîne publique diffusait hier soir, ndlr). Le prime-time qui suivait n'était pas une émission d'information, pas une émission en direct, mais une fiction. Donc c'est plus compliqué de faire preuve de souplesse. Le plus pertinent aurait été, effectivement, de faire une édition spéciale entre le première et la deuxième partie de soirée mais elle se serait retrouvée en face du "Soir 3", ce qui n'était pas cohérent avec la stratégie de groupe de France Télévisions.
Ce midi, en revanche, vous n'avez pas hésité à casser l'antenne pour diffuser un 13 Heures de 80 minutes pour suivre l'arrivée en France de Florence Cassez. Vous vouliez vous rattraper ?
A la différence d'hier soir, ce midi nous savions à quelle heure l'événement allait se passer. A 13h41, l'avion allait se poser sur le tarmac de Roissy. En plus, nous savions que nous aurions des images. Nous nous étions préparés à breaker comme on dit dans le jargon, à garder l'antenne avec des images en direct. On ne s'est pas "rattrapé" ce midi d'un hypothétique raté d'hier soir. Nous avons fait notre job. Nous faisons preuve de souplesse quand l'actualité l'exige. Et quand elle le permet.
Les chaînes info ont fait de bonnes audiences hier soir après la fin de votre 20 Heures...
C'est intéressant à savoir ! Mais c'est leur boulot à elles de faire de grandes éditions spéciales. Contrairement à elles, une chaîne généraliste n'a pas vocation à casser systématiquement son antenne pour suivre tous les évènements en direct. Nous le faisons très souvent, plus que les autres chaînes généralistes. Comme lors des procès de l'affaire DSK, ou ce midi avec l'arrivée à Roissy de Florence Cassez. Mais en aucun cas, nous ne pouvons jouer avec nos antennes.