C'est le chiffon rouge agité par Nonce Paolini depuis le début. Si LCI n'obtient pas son passage sur la TNT gratuite, elle fermera, laissant des dizaines de salariés et journalistes sur le carreau. A quelques jours de la décision très attendue du CSA sur ce dossier très brûlant, BFMTV et i-TELE abattent leurs dernières cartes.
Dans un courrier adressé au CSA début juillet révélé par Les Echos, les deux concurrentes de la filiale de TF1 s'engagent, chacune, à embaucher un tiers des journalistes de LCI en cas de fermeture de la chaîne le 1er janvier prochain. 33 postes chacune, sur la base de 103 journalistes comptabilisés par LCI dans son dernier rapport financier. A charge pour TF1 de reclasser le dernier tiers.
Avec ce dernier rebondissement, BFMTV et i-TELE s'assurent ainsi que le risque social, argument de poids du groupe TF1, ne sera pas pris en compte dans la décision des Sages. Une initiative qui, toujours selon Les Echos, n'a pas été du goût de Nonce Paolini, "choqué" par la tentative. Selon lui, LCI ne compte par ailleurs par 103 salariés mais... 247. En faveur de quel acteur cet ultime rebondissement peut-il jouer ?
Le 23 ou 30 juillet prochain, le CSA doit se prononcer sur le passage de LCI mais aussi de Paris Première et Planète+ sur la TNT gratuite au 1er janvier 2015. A quelques jours de l'échéance, le dossier se complique sérieusement pour les Sages, qui doivent voter après avoir entendu toutes les parties en juin dernier.
Se sont invités à la table de la réflexion l'Autorité de la Concurrence et, plus récemment, Bruxelles. La Commission a envoyé un courrier au gouvernement pour obtenir des explications sur "l'amendement LCI", voté en 2013, et donnant le pouvoir au CSA de basculer une chaîne de la TNT payante à la TNT gratuite. Cette demande d'explication fait suite à une plainte déposée par plusieurs groupes médias dont NextRadioTV (BFMTV) qui considèrent que l'arrivée de toute nouvelle chaîne sur la TNT gratuite doit passer par un appel à candidatures. Cet amendement est-il par ailleurs conforme au droit européen ?
Autre épine dans le pied du groupe TF1, l'avis rendu par l'Autorité de la Concurrence. Le gendarme de la concurrence estime que l'arrivée de LCI sur la TNT gratuite pourrait engendrer un possible "effet d'éviction" des concurrents déjà présents (i-TELE, BFMTV). Il préconise ainsi des conditions précises à son éventuelle entrée sur ce maché : impossibilité pour TF1 et LCI de coupler leurs publicités, création d'une régie publicitaire séparée, interdiction d'autompromition entre les deux chaînes etc. Par ailleurs, l'Autorité met en garde le CSA sur le possible passage sur la TNT gratuite des trois chaînes en même temps (LCI, Paris Première, Planète+), pouvant provoquer "un effet cumulatif" dangereux pour le marché. Mais comment le CSA pourrait accepter à l'une ce qu'il refuse à l'autre ?
Ces recommandations s'ajoutent à une étude d'impact commandée par le CSA et dont les conclusions doivent éclairer le choix des Sages. Choix qui devrait être quoiqu'il arrive remis en cause par les parties. Si LCI obtient son feu vert, les groupes NextRadio et Canal+ ont promis d'utiliser toutes les voix de recours juridiques possibles. Même son de cloche du côté de TF1, bien décidée à obtenir le passage de sa chaîne d'informations sur la TNT gratuite au 1er janvier 2015.
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