Tristan Waleckx ne craint pas les révélations potentielles de Jacques Cardoze. Celui qui présente depuis deux ans le magazine "Complément d'enquête" sur France 2 a assuré auprès de "Télérama" que son prédécesseur avait "le droit d'enquêter" pour les médias du groupe Bolloré. "S'il produit un travail réellement journalistique évoquant des faits et non pas des opinions, et décrivant les méthodes de Complément d'enquête de manière objective, on assume", précise-t-il encore.
Depuis la diffusion du numéro de l'émission d'investigation consacré au Puy du Fou, Tristan Waleckx et le programme ont été la cible d'une véritable cabale sur les chaînes du groupe Bolloré. Présentateurs, éditorialistes, chroniqueurs et invités y ont désamorcé les méthodes et les révélations de l'enquête du service public, pourtant étayées."Le service public aujourd'hui propose une offre unique et nous restons un modèle du genre en termes d'indépendance journalistique. Nous dérangeons donc sans doute certains intérêts. Et 'Complément d'enquête' comme d'autres émissions ou documentaires d'investigation sont des totems qui dérangent", estime le journaliste de 40 ans.
Des "totems qui dérangent" au point que Cyril Hanouna a annoncé sur CNews le 11 septembre lancer une riposte intitulée "Enquête de complément", référence affichée au nom de l'émission pilotée par Tristan Waleckx. Pour mener ce projet, l'animateur de "Touche pas à mon poste" a missionné son nouveau chroniqueur, Jacques Cardoze. Le journaliste et ancien directeur de la communication de l'Olympique de Marseille a lui aussi été le présentateur de "Complément d'enquête" entre 2018 et 2021. Il a récemment confirmé avoir déjà entamé ses recherches et être en contact avec "des anciens de 'Complément'". S'il le désire, Tristan Waleckx et ses équipes sont prêts à lui ouvrir les portes de leur rédaction. "Nous serons même fiers de montrer nos méthodes de travail", ajoute-t-il.
Si le magazine d'investigation qu'il présente a fait l'objet d'une vaste campagne de décrédibilisation, Tristan Waleckx s'est très peu exprimé sur le sujet. Il raconte qu'une hésitation traverse toujours l'esprit de celles et ceux qui travaillent auprès de lui lorsque ce genre d'attaques surgissent. Car rentrer dans le jeu de ses détracteurs peut alimenter la polémique tandis que ne rien dire peut laisser croire que les allégations sont justifiées. "Nous devons rester sur notre ligne et rappeler factuellement en quoi les informations que nous avons révélées sont exactes. Il ne faut pas tomber dans le piège du commentaire de commentaires dans lequel certains voudraient nous faire entrer. Toutefois, je trouve grave qu'un groupe média puisse proférer autant de contre-vérités. Cette campagne de désinformation m'a surpris. Après, je m'astreins à ne pas être trop perturbé. Je sais aussi que notre reportage est absolument inattaquable et nous assumons à 100 % toutes les informations publiées dans ce 'Complément d'enquête'", insiste le journaliste.
Pour l'heure, si Philippe de Villiers a assuré vouloir déposer plainte contre l'émission, son présentateur assure que France Télévisions n'a pas été avisé de la mise en application de la menace. En linéaire, le jeudi 7 septembre 2023, le numéro de "Complément d'enquête" sur le Puy du Fou avait convaincu 827.000 téléspectateur à zapper sur la deuxième chaîne en seconde partie de soirée, pour une part de marché de 11,7% des individus de quatre ans et plus. Un score qui a grossi grâce au replay. À J+7, l'émission a gagné 245.000 téléspectateurs, soit 2,3 points de PDA. Au total, en consolidé, 1,072 million d'individus ont regardé cette enquête, soit une part d'audience s'élevant à 13,5% de l'ensemble du public.