La guerre est déclarée. Jeudi 7 septembre, "Complément d'enquête" a fait sa rentrée sur France 2 avec un numéro choc sur le Puy de Fou, pointant notamment des méthodes critiquables au sein du parc d'attractions créé par Philippe de Villiers. Si ce dernier a refusé de parler aux caméras de l'émission de Tristan Waleckx, son fils, Nicolas de Villiers, actuel patron du Puy du Fou, a répondu longuement aux questions des journalistes. Ils étaient 827.000 téléspectateurs à suivre le premier numéro de la saison de l'émission, soit 11,7% de l'ensemble du public, selon Médiamétrie.
Au sein du reportage, le groupe Bolloré a été évoqué à plusieurs reprises, notamment en raison de sa proximité avec les activités de la famille Villiers. Le lendemain de la diffusion, plusieurs médias de la galaxie détenue par Vincent Bolloré ont entamé une contre-attaque. Dans "L'heure des pros", sur CNews, Pascal Praud est revenu longuement, avec Nicolas de Villiers, sur le magazine, en critiquant le travail des journalistes de France 2. Une opération réitérée plus tard dans "Pascal Praud et vous" sur Europe 1.
Après la chaîne de télévision et la station radio, dimanche 9 septembre, c'est "Le journal du dimanche", désormais dirigé par Geoffroy Lejeune, qui a ajouté sa pierre à l'édifice. Outre un énième article, signé cette fois-ci par Charlotte d'Ornellas, ex-"Valeurs actuelles" et pensionnaire de CNews, dénonçant une malhonnêteté de "Complément d'enquête", Gilles-William Goldnadel, fidèle débatteur du canal 16, a enfilé son costume d'avocat pour défendre les intérêts de Philippe de Villiers.
Dans une interview réalisée par "la rédaction" - comme il est indiqué sur le site du "JDD" -, le conseil de l'ancien président de la Vendée a estimé que l'émission était "un véritable réquisitoire à charge", "empilant les contre-vérités" : "Ses responsables ont laissé dire par une personne prévenue contre lui et sans aucunement mettre en doute ses accusations, que mon client aurait touché la somme de 15 millions d'euros en contrepartie des scénarios qu'il a écrits pour le Puy du Fou".
"Or, à plusieurs reprises, Philippe de Villiers a indiqué solennellement que, jamais et d'aucune manière en quarante ans, ni directement, ni indirectement, il n'avait touché ni voulu toucher le moindre centime de rémunération à titre de droit d'auteur ou pour toute autre raison, en contrepartie de ces scénarios", a-t-il poursuivi, expliquant qu'il comptait également déposer plainte contre la chaîne publique pour des propos "niant le génocide vendéen".
En découvrant cette riposte, Tristan Waleckx, le présentateur de "Complément d'enquête", a réagi sur X (ex-Twitter) aux diverses attaques. "Après le breaking news sur CNews, la rafale de chroniques sur Europe 1, les 'petits docteurs guillotins du service public' ont droit à deux pages du 'JDD'... où l'on apprend que le Puy du Fou va porter plainte contre l'émission pour 'déni négationniste'", a écrit le journaliste, rappelant que Gilles-William Goldnadel avait récemment vanté la "rigueur juridique incontestable" de "Complément d'enquête" lors d'une enquête sur Sandrine Rousseau.
Dans une émission incarnée par l'éditorialiste Mathieu Bock-Côté, ce week-end sur CNews, Tristan Waleckx a été qualifié de "petit lombric sur son fauteuil rouge de roitelet". "A défaut d'arguments de fond, il faut reconnaître aux soldats de CNews, en croisade depuis trois jours, une certaine inventivité dans l'insulte", a confié le présentateur.
Concernant la plainte, celui qui reçu le Prix Albert Londres pour une enquête sur Vincent Bolloré dans un reportage d'"Envoyé spécial" a ajouté : "Autant les procédures en diffamation, on connaît (et on les gagne !). Mais alors, une plainte pour contestation de crime contre l'humanité et négationnisme (concernant un génocide vendéen dont le consensus des historiens admet qu'il n'a pas existé), on a franchi un sacré palier...".
Sans surprise, ce lundi 11 septembre, sur CNews, Pascal Praud a répliqué à la série de tweets écrits par Tristan Waleckx, avec des piques ad hominem : "C'était un document malhonnête, à charge et de mauvaise foi (...) J'ai vu ses tweets. Si j'étais lui, j'arrêterais de faire des tweets. Ses tweets ne sont pas vraiment bons. Je ne sais même pas son nom. Ses tweets ne sont vraiment pas terribles. Ils sont médiocres et pas malins du tout". Et de tout de même inviter Tristan Waleckx et des journalistes à l'origine de l'enquête sur son plateau : "Mais ils ne viendront pas ! Parce qu'ils savent qu'ils seront en difficultés !".