Les tensions montent entre la Turquie et les journalistes. Ce lundi, 17 reporters, dirigeants et collaborateurs actuels ou passés du quotidien Cumhuriyet sont jugés à Istanbul pour "soutien à une organisation terroriste". Depuis le putsch manqué du 15 juillet 2016 et les purges massives de l'Etat, le journal fondé en 1924 dénonce un procès politique visant à abattre l'un des derniers titres de presse indépendants turcs.
L'AFP rapporte que plusieurs centaines de personnes, dont des députés de l'opposition, se sont rassemblés ce matin devant le tribunal, procédant à un lâcher de ballons multicolores et arguant : "La presse libre ne peut être réduite au silence". Pour Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières, "le procès de Cumhuriyet est celui du journalisme en Turquie", "des journalistes sont traités comme des terroristes pour n'avoir fait que leur travail."
Depuis près de neuf mois, 11 des prévenus sont en détention préventive. Et depuis le début de l'affaire, le quotidien laisse systématiquement un encart blanc là où auraient dû être les textes de ses journalistes écroués. Aujourd'hui, Cumhuriyet a décidé de titrer sa Une en hommage à sa rédaction, avec en légende : "Nous voulons de la justice !"
Selon les syndicats des journalistes de France, 167 journalistes sont détenus actuellement en Turquie, dont la majorité dans le cadre de l'état d'urgence décrété après la tentative de putsch. La plupart des reporters turcs sont accusés d'avoir aidé une ou plusieurs "organisations terroristes", dont notamment les séparatistes kurdes du PKK et le mouvement du prédicateur Fethullah Gülen, désigné par Recep Tayyip Erdogan comme l'origine de la tentative de coup d'état.