Le Syndicat général du Livre et de la Communication écrite accusé de censure. Dans différents éditoriaux, sur les sites du "Point", de "Paris Match" ou encore de "Marianne", ce syndicat affilié à la CGT est accusé d'avoir refusé de distribuer ces trois titres en kiosques ainsi que "Valeurs actuelles". Ces interventions interviennent alors qu'une grève, lancée à l'initiative de la CGT-SGLCE, entendait protester contre la réforme de la loi Bichet, qui encadre la distribution des journaux en France depuis 1947 et qui sera débattue cette semaine au Sénat. Une réforme qui serait "un véritable danger pour la démocratie" selon le syndicat qui dénonce un texte "qui entend libéraliser le secteur en mettant fin à la solidarité et à l'égalité de traitement entre les titres de presse".
Problème, les militants cégétistes sont accusés d'avoir opéré une sélection parmi les titres diffusés, bannissant ainsi de certains kiosques "Le Point", "Marianne", "Paris Match" et "Valeurs actuelles". "Les militants cégétistes ont opéré eux-mêmes une sélection – disons-le, une discrimination – entre les titres. De quel droit ? La liberté de la presse est-elle désormais à la merci de la commission de censure de la CGT ?", s'est agacé Etienne Gernelle, patron de l'hebdomadaire "Le Point" dans un éditorial daté de jeudi dernier. De son côté, la rédaction de "Paris Match" a dénoncé "un acte inqualifiable".
"Faire payer aux journaux, en particulier aux hebdomadaires, ce qui relève d'un conflit avec le gouvernement et les législateurs est affligeant", a écrit de son côté Natacha Polony, directrice de la rédaction de "Marianne". Sur Twitter, le philosophe Raphaël Enthoven s'est, lui, attaqué directement à Philippe Martinez, patron du syndicat, qui a perdu en décembre dernier son statut de premier syndicat français au profit de la CFDT. "Allez-vous justifier, à grand renfort de langue de bois, cet incroyable exercice de censure ? Ou expliquerez-vous aux militants fiers de leur geste qu'il est normal de perdre la 1ère place quand on fait des trucs aussi cons ?", a ironisé l'ex-philosophe d'Europe 1.