Une victime. C'est ainsi que François de Rugy s'est présenté mardi soir sur le plateau de "C à vous", sur France 5. L'ancien numéro 2 du gouvernement a démissionné cet été, une semaine seulement après les révélations de "Mediapart" sur son train de vie lorsqu'il était président de l'Assemblée nationale, notamment sur des dîners fastueux ou sur son logement à vocation sociale loué près de Nantes. C'est seulement sur ce dernier point que l'élu a attaqué le site pour diffamation.
S'estimant blanchi après la publication de deux rapports - de l'Assemblée nationale et du gouvernement - le disculpant partiellement des accusations du site d'information, François de Rugy s'était rendu fin juillet dans le "20 Heures" de France 2 où il s'en était pris au journalisme "de diffamation" et de "démolition" du site créé par Edwy Plenel.
Dans "C à vous", le journaliste Patrick Cohen a donc posé une question simple à l'homme politique : "Si vous vous sentiez aussi innocent pourquoi avez-vous démissionné du gouvernement ?". François de Rugy a expliqué qu'il ne disposait pas sur le moment de tous les documents nécessaires et qu'il s'agissait de son "seul regret". "Si je les avais eus sous la main ce jour-là, j'aurais pu montrer immédiatement que tout ce que disait 'Mediapart' était faux. Ils ont été obligé de le reconnaître du bout de la plume, dans un article publié ce matin", a voulu se persuader l'intéressé.
Dans le fameux article intitulé "Affaire Rugy : un été d'intox", le site d'information en ligne a au contraire affirmé qu'il maintenait l'ensemble des informations publiées, ce qui n'a pas empêché l'ex-ministre de continuer de s'étonner de l'importance que "Mediapart" accorde toujours à ce dossier. "Vous avez vu ce matin ? Quatre pages d'autojustification, sept minutes de vidéo ! Ils s'y mettent à quatre journalistes ! M. Plenel lui-même a fait huit tweets rien que pour dire : 'lisez l'article que nous avons fait et abonnez-vous. Il y a une entreprise commerciale derrière tout ça !".
Mais lorsque ses interlocuteurs en plateau lui ont fait remarquer que l'article en question était en accès libre et gratuit, François de Rugy n'a pas dévié de sa trajectoire. "C'est le produit d'appel et ensuite 'abonnez-vous' pour qu'on permette à M. Plenel de faire une belle plus-value dans le montage financier, soi-disant pour l'indépendance de 'Mediapart', a-t-il lancé. Et de s'appuyer sur un article du "Monde" paru en juillet dernier pour renforcer ses propos : "Les fondateurs de 'Mediapart' vont récupérer cinq fois ce qu'ils ont investi il y a dix ans. C'est une petite entreprise commerciale. Et c'est une entreprise de démolition. C'est pas du journalisme !", a estimé François de Rugy.
"Pourquoi voulaient-ils démolir François de Rugy ?", lui a demandé à son tour Anne-Elisabeth Lemoine. "Parce que c'est leur projet politique, a rétorqué celui qui est redevenu depuis l'affaire un simple député. Vous croyez que M. Plenel n'a pas de projet politique ? Ca fait des années qu'il fait profession de foi de dire : 'ceux qui gouvernent, il faut que nous puissions les faire tomber'". "Si c'était faux, cela n'aurait pas eu autant d'écho", a relativisé de son côté Patrick Cohen, qui n'a manqué de citer les trois dîners personnels organisés par François de Rugy et financés par les deniers publics. "Est-ce-que c'est une bonne chose qu'au lieu de demander des comptes aux responsables politiques, on cherche à les démolir ?", a résumé l'ex-homme fort du gouvernement dans une énième question ouverte.
Quelques instants plus tard, avant de quitter le plateau, François de Rugy, toujours très cash, a regretté de ne pas pouvoir participer au dîner de "C à vous". "Je ne sais pas si c'est une petite vexation à l'égard des politiques, mais nous ne sommes pas invités au dîner", a-t-il noté. "On voulait servir des crustacés et on voulait respecter votre intolérance aux crustacés", a ironisé Anne-Elisabeth Lemoine. puremedias.com vous propose de revoir une partie de cette séquence.