Un échange sans filtre. Hier soir, LCI diffusait le troisième numéro de "La Grande Explication", présenté par David Pujadas, un débat en direct dans lequel le Premier ministre était invité à dialoguer avec 10 Français sur leurs préoccupations. Des anonymes en majorité exaspérés comme la teneur des échanges, parfois tendus ou tutoyant l'irrespect à l'égard du chef du gouvernement, l'a montré.
Parmi ces témoins d'un soir, Alexandre Callet, un restaurateur originaire de Rueil-Malmaison, s'est fait remarquer lors de son intervention. Exaspéré par les taxes, il s'est d'emblée vanté d'avoir mis au point de son côté un nouvel impôt, "une taxe d'une grande innovation", comme il l'a qualifiée : "la TSGC". "C'est la taxe sur le grattage de cul. 5 euros par grattage, pour tous les Français. On va embaucher un million de fonctionnaires qui vont aller chez l'habitant pour surveiller que la taxe est payée", a-t-il détaillé sans se départir de son sérieux face à un Edouard Phillippe affichant une moue pour le moins dubitative.
Il a ensuite joint le geste à la parole en sortant un billet de 5 euros de sa poche et en se frottant le postérieur avec. "Voilà, je dois 5 euros au Trésor public", a fièrement annoncé le professionnel. Invité par David Pujadas à se recentrer sur son cas personnel, Alexandre a déploré en tant que chef d'entreprise le poids des prélèvements de l'Etat sur les salaires. "Non seulement on prélève plus d'impôts qu'ailleurs, mais en plus, on ne règle pas notre dette", a convenu le Premier ministre.
Usant toujours d'un langage direct pour exprimer son exaspération, le restaurateur a ensuite résumé sa pensée en ces termes : "J'ai l'impression qu'on a une classe politique qui se tient aujourd'hui par la barbichette. Vous vous regardez tous et puis vous espérez qu'il y en ait un à un moment donné, excusez-moi monsieur le ministre, qui va porter ses couilles, bordel, qui va dire stop, on est en train de crever".
Alexandre Callet a poursuivi sur sa lancée en estimant qu'à l'avenir, chaque homme ou femme politique devrait être escorté d'un garde du corps compte tenu du ras-le-bol général. "On a pu voir des maisons brûlées et je pense que les gens vont commencer...", a-t-il dit, avant d'être interrompu par David Pujadas qui l'a invité à ne pas attiser le climat de violence actuel. Peine perdue, puisque quelques minutes plus tard, le témoin a avoué à Edouard Phillippe sur le ton de la confidence : "Je m'étais dit, je viens voir le Premier ministre, je rentre chez moi avec son scalp ce soir. Je vous le dis clairement".
Et David Pujadas de le rappeler de nouveau à l'ordre : "Beaucoup de choses sont prises au pied de la lettre en ce moment. (...) Dites que vous espérez le convaincre peut-être". Alexandre Callet a qualifié sa phrase d'"expression politique (...) respectueuse", semblant ainsi signifier qu'il avait voulu utiliser une métaphore. Dans l'intervalle, le Premier ministre a pu de son côté exposer son point de vue dans le détail.
Enfin, un peu plus tard, à la faveur du passage de relais à un autre interlocuteur, David Pujadas a une fois de plus mis en garde : "On peut tout dire, mais avec le respect. Faisons attention à nos expressions, encore une fois, il y a un contexte particulier. Même au figuré quand les expressions sont violentes, ça peut porter à confusion", a averti le journaliste de LCI. A noter que cette soirée a été une nouvelle fois très suivie puisque "La Grande Explication" a réuni en moyenne 848.000 téléspectateurs (4,2% de PDA) selon Médiamétrie. puremedias.com vous propose de revoir une partie de cet échange.