Un nouveau rendez-vous en milieu d'après-midi sur Europe 1 et une énième tentative pour la station de redresser des audiences en berne depuis le départ en 2014 de Laurent Ruquier. Ce lundi, entre 16h et 17h, la radio proposait pour la première fois "Karl Zéro et ses tontons flingueurs", nouvelle émission en remplacement de "Êtes-vous prêts à jouer le jeu ?", animé jusqu'en fin d'année par Laurence Boccolini, qui a préféré jeter l'éponge.
Un jeu succède donc à un jeu sur l'antenne puisque Karl Zéro propose de jouer avec l'actualité, en compagnie de deux invités, baptisés les "tontons flingueurs". La particularité réside dans le fait que ces deux personnalités n'ont pas l'habitude de se croiser en temps normal, ni d'être invitées dans la même émission. Pour cette première, l'ancien animateur de Canal+ avait convié le député Jean Lassalle - connu pour ses propos souvent lunaires - et l'écrivain Bernard Werber.
Un cast pour le moins atypique, mais mis à contribution dès les premières minutes de l'émission puisque Karl Zéro et ses complices Anissa et Ganesh leur ont proposé de défendre les couleurs de la France d'en haut pour Jean Lassalle d'un côté et celles de la France d'en bas pour Bernard Werber de l'autre. On l'aura compris, ici, l'humour et l'ironie sont de rigueur. A la clé par exemple pour les deux invités/candidats, des lots fictifs mais que seul quelqu'un comme Karl Zéro peut proposer en toute décontraction. Jean Lassalle a appris ainsi qu'il aurait droit en cas de victoire à un séjour de cinq jours dans la villa du riche homme d'affaires Ziad Takieddine, "le tout payé par la Libye", une villa "notée cinq étoiles par Jean-François Copé sur TripAdivsor". Bernard Werber s'est vu promettre pour sa part un séjour dans la cellule de Carlos Ghosn au Japon.
Karl Zéro a soumis ses invités à une série de 6 quizs thématiques qui, sous le couvert de l'humour, proposent malgré tout un petit apport de connaissances, donnant à l'auditeur le sentiment agréable de ne pas perdre son temps, tout en s'amusant. Très bon client, Jean Lassalle, fidèle à lui-même, a offert quelques réponses remarquées. Lors du questionnaire portant sur les voeux présidentiels, à la question "quels ont été les voeux les plus courts ?", l'ancien prétendant à l'Elysée a ainsi répondu sans ciller : "Hollande. Il n'avais pas grand chose à dire...". La réponse était en réalité Georges Pompidou mais qu'importe, le message est passé.
Entre chaque quiz, Karl Zéro en a profité pour soumettre ses invités à des questions d'actualité plus sérieuses ; l'occasion pour Bernard Werber d'évoquer sa maladie ou pour Jean Lassalle de confirmer que le divorce est consommé avec François Bayrou. Au final, le député est sorti vainqueur du vrai/faux jeu d'Europe 1. Beau joueur, Bernard Werber a lancé avec malice : "Je voterai pour lui en 2026 s'il se présente", tout en sachant qu'aucun scrutin présidentiel n'aurait lieu cette année-là.
Jean Lassalle a quant à lui apprécié le concept de l'émission, la rencontre de deux personnalités qui ne se connaissent pas. "Je n'aurais jamais imaginé me retrouver devant un écrivain aussi célèbre que Bernard Werber, a-t-il conclu. Je ne l'imaginais pas aussi simple, beau joueur et talentueux". Mardi, "Karl Zéro et les tontons flingueurs" recevra Patrick Poivre d'Arvor et l'abbé de La Morandais.
Verdict à l'issue de cette première : l'heure d'émission passe vite, entre les coupures publicitaires et les chansons diffusées. Karl Zéro déborde d'une énergie communicative et les rôles sont bien répartis avec ses complices Anissa et Ganesh. La rencontre de deux personnalités opposées est un concept simple et efficace, reste à voir si cela tiendra dans la durée. Petits bémols : les auditeurs n'interviennent plus, donnant par moments l'impression d'un entre-soi et certains traits d'humour osés de Karl Zéro risquent de ne pas plaire à tout le monde... Sauf déprogrammation catastrophe, l'animateur a désormais jusqu'à la fin de la saison pour confirmer cette première bonne impression.