La vague de sanctions ne passera pas par Slate. Depuis l'éclatement de l'affaire dite de la "Ligue du Lol", de nombreux journalistes mis en cause ont été écartés - définitivement ou temporairement - de leurs fonctions. Entre autres exemples, c'est notamment le cas d'Alexandre Hervaud, chef de service web à "Libération" et du pigiste Vincent Glad - dont la collaboration avec "Brain Magazine" a par ailleurs été suspendue -, qui ont été mis à pied lundi matin "à titre conservatoire". Dans le même temps, une enquête interne a été lancée à "Libération". Aux "Inrocks", David Doucet, rédacteur en chef web, a également été mis à pied à titre conservatoire. Dans le même temps, selon "Libération", une procédure de licenciement pour "faute grave" a été engagée contre lui.
Ce jour, Jean-Marie Colombani, président de Slate et Marc Sillam, directeur général de Slate, se fendent d'une longue "mise au point" pour expliquer pourquoi ils n'ont pas l'intention de suspendre Christophe Carron. Rédacteur en chef de Slate.fr, qu'il a rejoint en 2017 après avoir été co-rédacteur en chef du "Grand Journal" de Canal+, Christophe Carron a été membre, dès 2011, du groupe Facebook intitulé "La Ligue du Lol", comme il l'a lui-même reconnu. "Je crois n'avoir nui socialement ou professionnellement à personne, ni harcelé quiconque", a-t-il expliqué sur son compte Twitter le 11 février dernier, présentant par ailleurs ses excuses à ceux qui auraient été blessés par certains de ses propos.
"L'appartenance de Christophe Carron à ce groupe privé Facebook, fût-elle tardive et passive, fut clairement une erreur, que nous regrettons pour lui", écrivent aujourd'hui ses employeurs non sans condamner "très fermement" les actes rapportés par les victimes. "Néanmoins, il faut rappeler que dans ce groupe d'une trentaine de personnes, les degrés d'implication et la nature ou la gravité des actes commis par les différents membres ne peuvent et ne doivent pas faire l'objet d'un amalgame", précisent-ils, alors que Christophe Carron n'apparaît pas être, selon les témoignages rapportés jusqu'à présent, l'un des membres les plus actifs du groupe. Un point que Jean-Marie Colombani et Marc Sillam ne manquent pas de souligner.
"La direction du site a longuement et à plusieurs reprises questionné Christophe Carron sur les événements relatifs à la Ligue du LOL et sur son implication au sein de ce groupe. (Ses) explications détaillées nous ont convaincus de son absence d'implication personnelle dans des actes répréhensibles ou contraires à nos valeurs", expliquent ensuite les patrons de Slate, arguant que "Christophe Carron dirige une équipe interne composée d'une très large majorité de femmes journalistes" et que son comportement a toujours été irréprochable. À noter que Christophe Carron n'est pas le seul ancien membre de la "Ligue du Lol" à avoir le soutien de ses employeurs. À "Télérama", le journaliste Olivier Tesquet, qui assure avoir été un "témoin passif", n'a pas non plus été inquiété.