Première réaction du côté du journal. Selon une information de France Inter, que puremedias.com est en mesure de confirmer, le journaliste Alexandre Hervaud a été mis à pied à titre conservatoire par la direction de "Libération". Ancien membre de la "Ligue du Lol", le chef du service web du quotidien est accusé d'avoir harcelé plusieurs journalistes sur Twitter à la fin des années 2000. Le journal a diligenté une enquête interne et a assuré à la radio du service public qu'il ne s'agissait "pas d'une sanction".
Depuis vendredi dernier, une dizaine de témoignages, principalement de femmes, relatent les harcèlements que leur ont fait subir des membres de la "Ligue du Lol" il y a quelques années. Ces personnes proviennent notamment d'un groupe Facebook créé par Vincent Glad, également journaliste à "Libération", dans lequel se retrouvaient une trentaine de personnes, dont des journalistes connus du web, des publicitaires et des communicants. Il est reproché à ces personnes d'avoir organisé il y a une dizaine d'années des campagnes de cyberharcèlement, généralement contre des femmes, afin de les humilier et de les discréditer.
Face à ces nombreux témoignages, la plupart des personnes accusées de cyberharcèlement ont présenté leurs excuses. "Je présente mes excuses aussi sincères que tardives aux personnes qui, à un moment ou un autre, ont été blessées par mes mots en quasi 11 ans d'activité sur Twitter", a écrit hier soir Alexandre Hervaud, ajoutant : "Je les présente donc et espère que ce grand déballage qui aurait dû se produire bien plus tôt aura des conséquences bénéfiques sur les comportements en ligne de chacun."
Le gouvernement a rapidement réagi par la voix de Marlène Schiappa, secrétaire d'Etat chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, qui a apporté hier sur Twitter tout "son soutien et sa solidarité aux blogueuses et journalistes qui ont eu à subir le harcèlement sexiste" de la "Ligue du Lol" : "Ce n'est pas internet qui est impitoyable, c'est ce qu'on en fait". Elle a d'ailleurs précisé qu'elle allait discuter avec Nicole Belloubet, ministre de la Justice, d'un "allongement des délais de prescription" concernant le cyberharcèlement.
Invité hier soir sur BFMTV, Mounir Mahjoubi, secrétaire d'Etat chargé du numérique, a dénoncé les actes de la "Ligue du Lol" : "Les témoignages sont d'une violence absolue. Cette 'Ligue du Lol', c'est l'histoire de losers, de mecs entre eux, qui ont cru qu'ils étaient les rois de l'internet et qui dans un groupe privé se sont dit qu'ils pouvaient peut-être insulter et se moquer du reste de l'internet, notamment les femmes et les homosexuels". "Il y a des gens qui disent que ce qui se passait dans ce groupe se traduisait dans la vraie vie. 'Nous, on a été les victimes de ces insultes'. Aujourd'hui, malheureusement, beaucoup de ces faits sont prescrits", a poursuivi le membre du gouvernement. puremedias.com vous propose de visionner la séquence.
Mise à jour (11/02/2018 13h05) : Selon nos informations, Vincent Glad a également été mis à pied à titre conservatoire ce lundi par la direction de "Libération".
(11/02:2018 14:15) : Aussi accusé dans l'affaire de la "Ligue du Lol", Stephen des Aulnois, rédacteur en chef et fondateur du "Tag Parfait", un magazine web sur la culture pornographique, a décidé de se retirer de ses fonctions au sein de sa rédaction, selon un communiqué sur son compte Twitter. Par ailleurs, il annonce qu'il mettait "en pause ses activités" sur "Le Tag Parfait" et "Le Bon Fap" pour "un temps indéterminé".
Concernant Vincent Glad, "Brain Magazine" a décidé de suspendre ses collaborations avec le journaliste, qui écrivait pour le site depuis deux ans. "Si nous avions eu la moindre connaissance de l'existence de ce groupe et de ses agissements, jamais nous ne l'aurions recruté", explique la rédaction dans un communiqué sur Twitter.