Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas ! La semaine dernière, Netflix a mis en ligne la saison 1 de "Huge en France", sa nouvelle série franco-américaine centrée autour de Gad Elmaleh, "talent" de l'écurie de Reed Hastings depuis la signature d'un partenariat entre les deux parties en 2016. Censée booster la notoriété du comédien et humoriste français aux États-Unis, la série peine à convaincre les critiques de part et d'autre de l'Atlantique. "Cette série ne le rendra probablement pas plus connu ici", ironise le "Hollywood Reporter" tandis que "Le Monde" voit dans "Huge en France" un "véritable four, pas décapant pour deux cents". À peine plus indulgent, "Télérama" n'a pas aimé cette série que le site de "The Atlantic" considère comme "pas convaincante".
Si la série a reçu quelques critiques plus positives, comme celle du "Parisien" qui apprécie "le comique de situation", l'impression d'ensemble est bancale. Du déjà-vu pour Netflix dont les précédentes fictions françaises ne sont globalement pas parvenues à convaincre la presse et à s'imposer comme série événement. Le mois dernier, c'est "Osmosis" qui a déçu. La série produite par Newen a reçu un accueil pour le moins froid. Pour "Première", c'était "une grosse déception" tandis que "Le Point" estimait que la série "enfile comme des perles tous les défauts que l'on rencontre dans la science-fiction mal écrite". "Le Monde" pointait lui "un 'Black Mirror à la française (qui) ne convainc pas".
En décembre, la comédie "Plan Coeur" avait été accueillie avec moins de scepticisme. "Le Parisien" s'était dit "charmé" par cette série. "Première" avait apprécié une "comédie adorable". Même "Télérama" avait été indulgent, à l'inverse du "Monde" qui avait flingué une série "mièvre". Mais, globalement, tous s'étaient accordés sur un point : "Plan Coeur" n'avait rien de révolutionnaire. Quant à "Marseille", la toute première incursion de Netflix dans la fiction française, le rendu critique de la saison 1 avait été si calamiteux que tout le monde s'était étonné que la plateforme commande une saison 2, jugée notamment "moins nulle mais pas nécessairement mieux" par "Télérama".
Au final, il ressort que les premiers pas de Netflix dans la fiction française sont, du point de vue de la critique, assez laborieux. Du côté des audiences, indicateur nécessaire de l'accueil public d'un contenu, c'est la grande inconnue. La plateforme, à la communication ultra-verrouillée, ne laisse filtrer que très sporadiquement une poignée de chiffres, par ailleurs peu étayés et peu représentatifs. Sur ce point, la donne pourrait un peu évoluer puisque, cette semaine, devant les investisseurs, Ted Sarandos, numéro 2 de la firme de Los Gatos, a indiqué que Netflix allait fournir "des données et des rapports plus spécifiques et plus détaillés" aux producteurs, aux abonnés et à la presse.
En attendant, la pépite que la presse semble attendre se trouve peut-être parmi les nombreux projets que développe Netflix, qui s'apprête à ouvrir un bureau à Paris, en France. Pour des raisons, notamment réglementaires, la plateforme va être amenée à mettre un gros coup d'accélérateur dans la création de continus originaux français, dont de nouvelles séries. Selon un article de "Variety" daté du début de mois, pas moins de 20 projets sont dans les tuyaux, dont "Arsene Lupin" avec Omar Sy, "Family Business" avec Gérard Darmon ou encore les séries fantastiques "Marianne" et "Mortel".