Une scène quasi inédite à la télévision russe. Lundi soir, en plein milieu du programme d'information "Vremia" ("Le temps") diffusé sur la plus puissante chaîne télévisée du pays, Pervy Kanal, une présentatrice a été perturbée par l'intrusion d'une femme arborant une pancarte. Si l'incident n'a duré qu'une dizaine de secondes à l'antenne - la régie a vite lancé un reportage -, la pancarte a été suffisamment lisible pour que les téléspectateurs aient le temps de lire le message suivant : "Non à la guerre. Ne croyez pas à la propagande. On vous ment ici. Les Russes sont contre la guerre". L'intruse, qui a scandé "Non à la guerre !" avait également pris soin de dessiner un drapeau russe et un drapeau ukrainien, comme le rapporte l'AFP.
Selon l'ONG de défense des droits des manifestants OVD-Info, cette invitée inattendue est une employée de la chaîne nommée Marina Ovsiannikova. L'ONG affirme qu'elle a été arrêtée et menée au commissariat. Dans un communiqué, la chaîne Pervy Kanal, sur laquelle s'est produit ce qu'elle qualifie d'"indicent", a annoncé l'ouverture d'une enquête interne. La puissante agence de presse russe Tass a de son côté évoqué la possibilité de poursuites contre la salariée accusée d'avoir "discrédité l'utilisation des forces armées russes".
Un sujet d'autant plus sensible en plein conflit ukrainien qu'une récente loi votée au Parlement russe contre les fausses informations réprime le fait de discréditer l'armée de Vladimir Poutine. Les fautifs encourent une peine de prison pouvant aller jusqu'à quinze ans en cas de circonstances aggravantes.
Avant son passage à l'action, Marina Ovsiannikova a enregistré une vidéo pour évoquer sa situation, expliquant avoir un père ukrainien et une mère russe. "J'ai travaillé pour Pervy Kanal ces dernières années, faisant de la propagande pour le Kremlin. J'en ai très honte aujourd'hui", a-t-elle notamment déclaré.