Charline Vanhoenacker et les humoristes du "Grand dimanche soir" défient leur direction. Trois jours après l'annonce de la suspension d'antenne de son comparse Guillaume Meurice – par l'humoriste en personne – la comique belge a multiplié les piques – sans les nommer – à l'égard des directrices de Radio France et France Inter, Sibyle Veil et Adèle Van Reeth. Dédiée à "la liberté d'expression", l'émission a aussi été marquée par l'annonce de départ fracassante de l'un des humoristes phares de la station.
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Le climat général a en effet poussé Djamil Le Schlag à la démission. L'humoriste a répété les propos de Guillaume Meurice sur Benjamin Netanyahu, sous les applaudissements du public, et annoncé qu'il quittait France Inter trois ans après son arrivée sur le service public. "Perso, je vois pas ce qui est choquant à comparer Netanyahu à une sorte de nazi sans prépuce", a-t-il déclaré sous les applaudissements.
"Je reviens sur la direction de France Inter. Vous pensez faire peur à qui avec vos menaces de mise à pied ? Perso, je suis un arabe en France, j'ai toujours été menacé de me faire virer. (...) Je vais faire une Lionel Jospin 2002. J'en tire les conclusions en me retirant du service public après l'émission, c'était ma dernière chronique. (...) Dans cette station, je ne me sens plus dans mon 'safe space'". puremedias.com vous propose de visionner la séquence.
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L'absence de Guillaume Meurice a, par ailleurs, été contournée par Aymeric Lompret, qui a diffusé pendant une chronique des extraits de micro-trottoir humoristique de l'humoriste. "On a les sons du reportage de Guillaume. (...) On a décidé, nous, et j'ai validé parce que j'ai de l'autorité – vous l'avez vu –, de confier ces sons à Aymeric pour qu'il en fasse un peu de comique d'investigation", a justifié Charline Vanhoenacker. Dans un autre registre, Aymeric Lompret, encore lui, s'est amusé à expliquer une blague à la direction de France Inter.
"Notre mission à la radio est de vous faire oublier le blues du dimanche soir. Mais si c'est à nous que l'on met le blues, là ça se complique. Guillaume étant mis à pied par Radio France, on va devoir faire sans lui", a d'entrée de jeu donné le ton Charline Vanhoenacker, dont l'émission de satire politique avait été reléguée le dimanche en début de saison dernière. "Radio France l'a envoyé deux semaines en internat pour le remettre dans le droit chemin. Il est convoqué le 16 mai pour faute grave", a rappelé ensuite la comique à son auditoire.
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Guillaume Meurice a en effet été suspendu le jeudi 2 mai dernier dans l'attente d'une éventuelle sanction pouvant aller jusqu'au licenciement, quatre jours après avoir réitéré ses propos sur Benjamin Netanyahu tenus fin octobre, comparant le dirigeant israélien à une "sorte de nazi mais sans prépuce". Une plainte pénale avait été déposée contre lui à la suite de ces propos, l'accusant d'antisémitisme, mais elle a été classée sans suite.
"Certains d'entre vous se demandent pourquoi on n'est pas en grève. On est des spécialistes de la grève, on les a toutes faites depuis dix ans et on connaît les règles : préavis de cinq jours à Radio France. Vous voudriez pas qu'en plus on se mette hors-la-loi ?", a ajouté Charline Vanhoenacker. "Comme l'extrême droite a décidé de nous faire taire ce soir, on ne va tout de même pas leur laisser ce plaisir", a poursuivi l'animatrice, réservant plusieurs piques au groupe public. "À force de passer plus de temps aux RH et à la PJ (police judiciaire) qu'à écrire des blagues, on va finir par donner raison aux gens qui disent que l'argent public est mal dépensé", a-t-elle encore déroulé.