Un manifeste contre l'omerta. Dans son édition d'aujourd'hui, Libération publie en Une un manifeste d'un collectif baptisé "Levons l'omerta". Signé par 500 militant(e)s, élu(e)s, ou responsables associatifs, le texte affirme vouloir "que l'impunité cesse" pour les auteurs de harcèlement sexuel au sein du milieu politique. Ce manifeste est publié au lendemain de la publication par France Inter et "Médiapart" d'accusations visant Denis Baupin. Mis en cause pour harcèlement et agression sexuelle par plusieurs responsables politiques, le député écologiste a démissionné lundi de son poste de vice-président de l'Assemblée nationale. Il a néanmoins fait savoir hier par son avocat qu'il contestait ces accusations qualifiées d'"allégations" "mensongères" et "diffamatoires".
Initié par l'ancienne porte-parole de "Osez le féminisme !", Caroline de Haas, le collectif "Levons l'omerta" estime que "l'impunité prime" en matière de harcèlement sexuel dans le milieu politique. "La difficulté des femmes à parler de ce type de violences est générale, mais sans doute amplifiée dans le microcosme politique, où elles doivent plus qu'ailleurs ne jamais paraître faibles, incarner une posture inverse à celle d'une victime", souligne ainsi le manifeste signé notamment par Roselyne Bachelot, Cécile Duflot ou Chantal Jouanno.
"Pour que ce soit le comportement des hommes qui change et non celui des femmes qui s'adapte, pour que les choses bougent enfin et que l'impunité cesse, pour que la culpabilité change de camp, il faut parler", écrivent les signataires qui veulent "juste dire ici merci" aux femmes "qui ont eu le courage de briser la loi du silence".
"Elles ont rendu un grand service à notre démocratie", estime le texte qui souligne qu'"il n'y a manifestement qu'en dénonçant publiquement les personnes que les choses sont susceptibles d'avancer". Il y a un an, "Libération" avait déjà publié un manifeste signé par plusieurs dizaines de femmes journalistes. Baptisé "Nous, femmes journalistes politiques et victimes de sexisme...", le texte dénonçait le sexisme régnant dans le milieu politique.