Jeudi dernier, Nabilla Benattia, la starlette de la télé-réalité de NRJ12, a poignardé son compagnon. Ce fait divers people a fait la Une de l'actualité tout le week-end, à peine éclipsé par la passe d'armes entre Jean-Pierre Jouyet et François Fillon. Si les médias ont largement et immédiatement traité l'affaire, la place accordée à Nabilla sur les antennes a fait débat dans toutes les rédactions. Dès vendredi matin 8 heures, de nombreuses radios et télé relayaient l'information en bonne place dans leurs journaux. Sur les chaînes d'information, des envoyés spéciaux ont été dépêchés pour couvrir l'événement.
L'hystérie autour de "l'affaire Nabilla" serait-elle une (nouvelle) preuve de l'influence des réseaux sociaux dans la hiérarchisation des informations traitées par les médias traditionnels ? C'est ce qu'affirme ce matin Arnaud Mercier, professeur de communication politique à l'Université de Lorraine, à Metz, et responsable de l'observatoire du Webjournalisme. Dans une interview à FigaroVox, il s'étonne que l'info ait ouvert les éditions des journaux, plutôt que de les fermer. "On assiste là à une dérive grave par rapport aux règles élémentaires de la hiérarchisation de l'information. Ainsi, I>TELE annonçait dans ses gros titres l'affaire Jouyet en premier, Nabilla en deuxième, et le 25ème anniversaire de la chute du mur de Berlin en troisième !", affirme-t-il en rappelant cependant que les faits divers captivent les Français.
Selon l'expert, les médias, même les plus sérieux, ne peuvent plus ignorer les sujets qui font le "buzz" sur la toile. "Dans le cas Nabilla, un système circulaire s'installe : internet et les réseaux en parlent, donc les journaux, radios et chaînes prennent le train en marche et couvrent le sujet ; Facebook et Twitter partagent les articles, et le sujet prend de plus en plus d'ampleur. C'est une véritable spirale infernale, qu'on avait déjà pu voir lorsqu'elle avait fait son célèbre 'allô'".
Même si Arnaud Mercier estime que les médias traditionnels ont "su garder une certaine mesure dans le traitement de ce fait divers", il dénonce la "dictature de l'immédiateté" et l'importance accordé à cette affaire. "Les journalistes ne sont plus les seuls maîtres de la hiérarchisation de l'information. Un monde parallèle, dont font partie les réseaux sociaux, dicte également les tendances. Il est très difficile, pour un journaliste, de voir que Twitter, Facebook et internet parlent d'un sujet sans qu'il se sente obligé de le traiter", explique-t-il.