Alain Finkielkraut répond au "Monde". Invité de Sonia Mabrouk dans "L'interview politique" d''Europe matin' ce mardi, le philosophe et essayiste a préparé ses coups. "Le journal "Le Monde" n'est plus le journal de référence. Il est devenu l'organe de vigilance", critique-t-il.
L'objet de la colère du philosophe ? Un article du "Monde" daté du 1er décembre, intitulé "Entre Eric Zemmour et une partie de l'élite économique et intellectuelle, une étrange bienveillance" et dans lequel ses auteurs, Ariane Chemin et Ivane Trippenbach, décryptent l'ascension d'Éric Zemmour dans le paysage politique. Les deux journalistes du quotidien du soir citent de nombreux intellectuels, à l'image de Marcel Gauchet, Jacques Julliard et Alain Finkielkraut, qui auraient contribué, via leurs déclarations reconnaissant un certain mérite à l'ancien polémiste de RTL et du "Figaro", à la construction de son image de présidentiable.
"À l'automne, écrivent les journalistes citées par Sonia Mabrouk, l'establishment a laissé un homme, qui défend la théorie raciste du 'grand remplacement', qui agite le spectre de la guerre civile et multiplie les provocations sexistes et homophobes, s'imposer comme un candidat crédible à la présidentielle". Un autre extrait reprend les déclarations d'Alain Finkielkraut sur CNews : "'Zemmour révélateur', 'Zemmour qui lève les tabous'... Le philosophe et académicien Alain Finkielkraut, qui, en 2002, avait prononcé devant le Panthéon un discours contre Jean-Marie Le Pen, renchérit sur CNews : 'Un philosophe qu'on ne peut pas taxer de réactionnaire, qui a plutôt une sensibilité sociale-démocrate (...) Il ajoute que Zemmour a rendu service à la démocratie. Zemmour est arrivé et nous a dit : 'La France a-t-elle un avenir ? Va-t-elle persévérer dans son être ?' Ce sont à mon avis de très justes questions'."
"'Le Monde', a résumé alors Sonia Mabrouk, affirme que certains intellectuels ont participé à l'installation d'Éric Zemmour comme un candidat". "C'est grotesque, c'est totalement diffamatoire, a rétorqué Alain Finkielkraut. Ni Jacques Julliard, ni Marcel Gauchet ne sont des partisans d'Éric Zemmour, je ne parle pas de moi, parce qu'avec la révolution culturelle en cours, notamment néo-féministe, je suis devenu l'homme à abattre." Et l'intellectuel de tacler Ariane Chemin : "Depuis 2002, sont revenues en France les listes noires, assène-t-il. C'est la liste noire des intellectuels qui font le procès de l'Islam, qui font le procès de la culture de masse, qui osent dire qu'il y a une vague d'antisémitisme... On dresse des listes de suspects".
Le philosophe a ensuite plus globalement taclé la ligne éditoriale du quotidien du soir. "Pas un mot sur les rodéos urbains, pas un mot sur les agressions anti-policiers pourtant quotidiennes, sur les affrontements à Villeneuve-d'Ascq, à Oyonnax, à Angoulême, à Lyon, que sais-je encore, proteste-t-il. Pas un mot non plus sur ce sondage de l'Ifop nous expliquant que 40% des lycéens mettaient leur religion au-dessus des lois de la République. Pourquoi ? Parce que cela va à l'encontre de la fiction anti-raciste et anti-fasciste qui leur tient lieu de réalité".
C'est une "attaque en règle" contre "Le Monde", a relancé la journaliste d'Europe 1. "Les journalistes qui pensent que le seul problème de la France, c'est la domination masculine et la discrimination généralisée frappent d'interdits, proscrivent, effacent tous les événements qui contredisent cette bonne parole. Surtout, cela veut dire que ces vigilants, en réalité, sont des vigiles, c'est-à-dire que l'information est devenue, aux yeux de la presse progressiste, prétendument progressiste, un club select". puremedias.com vous propose de revoir cette séquence.