La bataille des canaux aura bien lieu. Le 9 août prochain, deux chaînes publiques vont fermer leurs portes à la demande du gouvernement : France 4 et France Ô. Les canaux 14 et 19 que celles-ci vont alors libérer sont bien évidemment convoités. En première ligne, LCI et franceinfo:, les chaînes info des groupe TF1 et France Télévisions qui espèrent profiter de cet évènement pour quitter leurs lointains numéros 26 et 27. Un des arguments avancés : regrouper les chaînes info autour des mêmes numéros offrirait un plus grand confort aux téléspectateurs.
Que neni pour le groupe Altice qui pourrait perdre là un important avantage compétitif : son canal 15, juste avant celui de CNews et son numéro 16. Interrogé par "Le Figaro" en marge du lancement de la nouvelle formule de "L'Express", Alain Weill, le patron d'Altice France, a de nouveau affirmé son opposition à un tel regroupement. "Pourquoi bouger uniquement la numérotation des chaînes d'information ? Sur la TNT, il y a d'autres chaînes thématiques qui pourraient être aussi regroupées. Nous avons des chaînes documentaires. Nous pourrions toucher à la numérotation des chaînes documentaires", a ainsi fait valoir l'homme d'affaires.
Et d'ajouter un peu plus tard : "Si on commence à toucher à la numérotation des chaînes, Nicolas de Tavernost a déjà dit qu'il voulait que la chaîne Gulli reprenne le numéro 14 (celui de France 4, ndlr), parce que c'était un canal qui s'adressait à la jeunesse. Moi, je demande à ce moment-là que nos chaînes de documentaires (RMC Découverte notamment, ndlr) rejoignent France 5 et Arte pour faire un bloc de chaînes de documentaires".
Alain Weill a ensuite poursuivi : "Ce n'est pas une demande de téléspectateurs mais une demande de deux chaînes en difficulté, qui ont démarré très tardivement sur la TNT et qui ont évidemment un numéro plus éloigné que les chaînes qui ont cru à l'information gratuite dès 2005 (année de lancement de la TNT, ndlr). C'est le reflet de l'Histoire", a-t-il ajouté, soulignant que LCI et franceinfo: disposaient d'un net avantage sur BFMTV grâce la promotion croisée dont elles bénéficient sur TF1 et France 2 notamment. "C'est une manière de compenser le numéro éloigné qu'elles ont", a estimé Alain Weill.
Au cours de cet entretien, le patron d'Altice France a également mis en garde contre un bouleversement de "l'équilibre du secteur" et un risque de pertes pour BFMTV de son "fonds de commerce" "de manière artificielle". "En cas de regroupement des chaînes d'information, nous risquons de basculer dans les pertes d'exploitation comme les autres chaînes, puisque nous sommes les seuls à gagner de l'argent. Résultat, plus aucune chaîne ne gagnera de l'argent. La qualité se dégradera et finalement, le pluralisme de l'information sera en régression". A charge maintenant pour le Conseil supérieur de l'audiovisuel de trancher ce dossier épineux. On ignore pour l'instant tout de son calendrier.