Ce mercredi, France 2 a annoncé qu'il retirait son débat avec les onze candidats du 20 avril et a proposé comme alternative une succession d'entretiens le même jour avec l'ensemble des prétendants à l'Elysée. La chaîne laisse à chacun moins de deux jours pour donner une réponse. Après ce changement de décision, Benoît Hamon, le candidat socialiste, a exprimé son mécontentement hier soir lors d'un déplacement à Nancy.
"Je regrette que le service public audiovisuel ait cédé à la pression. Ce n'est pas bon pour la démocratie que des candidats décident de se soustraire à un exercice démocratique. En l'occurrence, je pense à Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon qui ont été les premiers initiateurs de la remise en cause de ce débat", a-t-il indiqué au micro de LCI, avant d'ajouter que "se soustraire à un dernier débat, ça montre que pour certains, la démocratie et le débat, c'est quand ça les arrange."
De son côté sur RMC, Nicolas Dupont-Aignan s'est dit "scandalisé" par la décision de France Télévisions. "Cette petite caste politique ne supporte pas la concurrence, ne supporte pas les questions. On n'ose pas déranger monsieur Mélenchon dans ses certitudes. Monsieur Fillon dans ses affaires. Monsieur Macron dans son système. Madame Le Pen dans ses affaires...", a-t-il enragé. Le candidat de Debout la France a ajouté : "Il fallait voir sur le plateau le mépris, le regard méprisant de certains à notre égard. L'annulation de ce débat est très grave parce que cela montre une cassure complète entre cette élite politique et le peuple français."
Même son de cloche de la part de François Asselineau, candidat de l'UPR, dans un communiqué : "Ils piétinent ainsi l'engagement qu'ils avaient pris vis-à-vis de France 2 et refusent d'offrir au peuple français le débat auquel il a légitimement droit pour se déterminer. Un débat était manifestement déjà trop pour eux". Il explique le choix de France 2 par "la contre-performance de plusieurs 'grands' candidats, qui saturent l'espace médiatique depuis des semaines."
Toutefois, cette proposition de la part de France 2 semble ravir le camp d'Emmanuel Macron. Benjamin Griveaux, porte-parole d'En Marche, s'est réjoui de l'annulation du débat à onze sur la deuxième chaîne : "Le format proposé par le groupe France Télévisions, à savoir, des interviews qui permettent sans doute de développer une pensée d'un peu plus d'une minute, permettra d'éclairer nos concitoyens plus efficacement". Ce matin sur France Inter, François Fillon a confié ne "pas être frustré" de cette annulation : "Il ne faut pas un débat aussi près du premier tour de l'élection. France 2 a fait beaucoup d'erreurs dans la préparation de ce débat. Plus tôt, ça aurait été plus facile."