Licencié pour tweet grave. Le 10 février dernier, le journaliste turc Irfan Degirmenci a été remercié par sa chaîne, Kanal D pour avoir donné son avis sur la réforme constitutionnelle sur Twitter, révèlent aujourd'hui nos confrères du "Figaro". L'animateur de la quotidienne "Günaydin" a confié son inquiétude concernant la révision constitutionnelle, validée par Recep Tayyip Erdogan, qui vise à remplacer le système parlementaire en vigueur par un système présidentiel et qui doit être soumis à référendum courant avril.
"Non, l'avenir d'un peuple ne doit pas se reposer sur l'avenir d'une seule personne, et la prospérité d'un individu ne doit pas être l'affaire de tout le monde", tweete le présentateur, accompagné d'une suite de messages partageant son incertitude par rapport à ce texte qui divise l'opinion.
Le même jour, son entreprise, le groupe médias Dogan, le licencie et se justifie à travers un communiqué : "L'objectivité est un principe fondamental que notre groupe respecte indubitablement. Nous avions rappelé à nos collaborateurs de rester neutres sur des sujets qui divisent l'opinion publique. (...) L'impartialité doit être respectée sur toutes les plateformes, à la télévision mais aussi sur les réseaux sociaux. (...) Sa prise de position sur le web n'étant pas conforme à notre principe d'impartialité, nous avons décidé de mettre fin à ses fonctions."
Irfan Degirmenci juge cette décision "anormale", soulignant que "les journalistes honnêtes sont dans le collimateur" et que "nous vivons dans une société très bizarre dans laquelle les gens avides d'argent se font passer pour de loyaux journalistes". Le journaliste a été soutenu par nombre de ses confrères, notamment Ertugrul Albayrak, qui dénonce "l'hypocrisie" du groupe Dogan. Le reporter affirme en effet qu'un autre journaliste de la société a annoncé qu'il voterait "Oui" et qu'il n'a pas été licencié. "Lui non plus n'a pas respecté le principe d'objectivité. C'est de l'hypocrisie", lâche-t-il.