
L'Arcom monte au créneau. Accusée de mener une cabale contre Cyril Hanouna – téléguidée politiquement – après le non-renouvellement de C8 sur la TNT, l'autorité a démenti les propos attribués à plusieurs de ses membres, par Jules Torres sur l'antenne d'Europe 1 et dans "Touche pas à mon poste !" sur C8 le vendredi 21 février puis dans un article du "JDD" paru le 22 février. Contributeur pour les médias de la galaxie Bolloré, ce dernier a fait le récit d'un "déjeuner de la honte" au cours duquel des membres de l'Arcom auraient indiqué : "Nous, on nous a demandé de virer Hanouna, on l'a fait, on a fait notre boulot". Quelques lignes plus bas, les mêmes auraient poursuivi : "On s'est bien payé le groupe Bolloré" ou encore "On s'en fout de mettre au chômage 400 potes d'Hanouna".
La source de ce déjeuner est l'auteur de l'article lui-même. Jules Torres se serait trouvé à quelques tables de là dans ce restaurant du XVe arrondissement avec deux de ses collègues. Le profil des membres cités par Jules Torres a été validé par le "patron de l'établissement" : "Il m'a confirmé non pas l'identité de ces trois personnes mais qu'ils travaillaient tous les trois à l'Arcom", a-t-il fait valoir sur Europe 1. Le micro lui a également été ouvert sur CNews, la chaîne info du même groupe.
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Le gendarme de l'audiovisuel n'a pas tardé à clarifier sa position : "L’Arcom a pris connaissance des affirmations par voie de presse selon lesquelles des personnes travaillant en son sein auraient commenté, dans des termes inappropriés, le 21 février, la décision de ne pas renouveler l’autorisation de C8 sur la TNT", a-t-elle écrit dans un communiqué ce dimanche 23 février 2025. "L’Arcom précise qu’aucun des membres du collège, en fonction actuellement ou lors de la décision rendue publique le 12 décembre 2024, et seuls décisionnaires, ne se trouvait dans le quartier mentionné le 21 février dernier. Par ailleurs, contrairement à ce qui a été indiqué à l’antenne d’Europe 1, le siège de l’Arcom ne se situe plus dans ce quartier depuis le début du mois de janvier".

"En l’état", poursuit-elle, "l’Autorité ne dispose d’aucun élément factuel permettant d’accréditer les propos allégués et se réserve la possibilité d’engager toute démarche pour assurer sa protection et celle de ses agents". Enfin, "l’Arcom rappelle également que la décision de diffusion de 10 chaînes gratuites sur la TNT à l’échéance des autorisations en cours, et de ne pas renouveler celles des chaînes C8 et NRJ 12, a été fondée sur un examen comparatif des 19 projets présentés, selon les critères définis par la loi, examen qui a conduit à autoriser deux nouvelles chaînes. Le Conseil d’État, dans une décision motivée rendue publique le 19 février, a confirmé la légalité de cette procédure et de son aboutissement".
Les réactions de politiques scandalisés par de supposées telles méthodes ont pullulé, notamment dans les rangs de la droite (Laurent Wauquiez) et du Rassemblement national. "S’ils sont avérés (les propos attribués à des membres de l'Arcom, ndlr), ils sont inacceptables et constituent une faute déontologique grave", a pour sa part réagi la ministre de la Culture Rachida Dati dans... le "JDD". "Et dans ce cas, je m’en entretiendrai avec le président de l’Arcom afin de faire toute la transparence".
"On peut regretter vivement le non-renouvellement de C8, l’approuver ou ne pas avoir d’avis. Mais les commentaires négatifs ('JDD' du jour) de la ministre de la Culture sur la décision d’une autorité indépendante (validée par le Conseil d’État) sont une première. Très politique", a déploré Pierre Lescure, chroniqueur dans "C à vous" sur France 5 et fondateur de Canal+, après la sortie de la locataire de la rue de Valois.
Depuis le Salon de l'agriculture ce samedi 22 février 2025, le président de la République, Emmanuel Macron, a réfuté les allégations selon lesquelles la non-reconduction de C8 et de NRJ 12 serait "une décision politique". La semaine dernière, Cyril Hanouna a tenu Alexis Kohler, secrétaire général de l'Élysée, responsable de la décision de l'Arcom.
"La loi a été conçue pour que cela ne soit pas une décision politique. C'est rassurant. Ce n'est pas à l'arbitraire ni d'un ministre ni du Président d'ouvrir ou de fermer une chaîne", a assuré le chef de l'État, rappelant à tous les acteurs du PAF les règles qui régissent l'espace médiatique : "Ces chaînes occupent le domaine public donc c'est normal qu'il y ait une autorisation (d'émettre). Il y a un cahier des charges et la loi est appliquée par une autorité qui regarde s'il est appliqué ou non. Elle le fait aussi sous le contrôle du juge. Il y a un droit au recours".