Décidément, ces attentats font bouger les lignes idéologiques. Comme en janvier dernier, après les attaques contre "Charlie Hebdo" et l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes, le travail de la police en général, et du Raid et de la BRI en particulier, est unanimement salué. Et même "Libération", pourtant fondé par l'antimilitariste Jean-Paul Sartre, commence à succomber à une surprenante fascination pour les uniformes.
Ce matin, Johan Hufnagel, le numéro deux du journal, publie une véritable déclaration d'amour à François Molins, le procureur de Paris. "Monsieur le procureur, je vous aime", écrit le journaliste qui avoue tomber en pâmoison lors des apparitions du magistrat. "C'est bizarre, j'en conviens : en général, quand vous apparaissez sur nos écrans, c'est que ça ne va pas fort. (...) Et pourtant, il faut bien avouer que ça me fait un bien fou de vous voir. Je ne suis pas le seul à attendre le point presse du proc'. Quand on vous voit apparaître, la rédaction se fige, 'Chut, Molins, ça commence.' On augmente alors le volume et on écoute, en communion. Imaginez, François, une rédaction, de gauche, suspendue à la parole d'un procureur...", écrit notre confrère, enamouré, dans une chronique publiée sur le site du quotidien.
Johan Hufnagel explique se sentir "rassuré" par cette figure qui incarne l'autorité de l'Etat dans ces moments troubles et qui fait le tri lors de ses points presse entre les informations et les rumeurs. "Dans un monde qui semble s'écrouler, vous apparaissez comme un point de repère, familier qui va séparer la rumeur de l'info, tuer l'abus de conditionnel des chaînes d'infos, rejeter le trop-plein de spéculations. (...) Oh, on sait bien François, que de temps en temps, vous ne nous dites pas tout. Ça fait partie du jeu. Nous aussi, on a nos sources", ajoute-t-il.
Un brin ironique ("Libé" reste "Libé" hein ?), le journaliste s'amuse du style et du phrasé de François Molins ("Je ne sais pas où vous êtes allé cherché 'l'appartement conspiratif' de Saint-Denis, mais là, chapeau"). "Mais merci pour ces moments de transparence. Et j'espère, mon cher François, de tout coeur, ne plus vous revoir dans ces circonstances", conclut le journaliste. Johan Hufnagel n'est pas le seul a être séduit par François Molins. Nicolas Demorand, lui même ancien de "Libé", la maire de Paris Anne Hidalgo, ou le blogueur Maitre Eolas sont également sous le charme.