La dernière décision de la Justice dans l'affaire Tapie menace-t-elle "La Provence" ? Hier, la Cour de cassation a condamné l'homme d'affaires à rembourser plus de 404 millions d'euros obtenus en 2008 pour mettre un terme à son litige avec le Crédit lyonnais sur la revente d'Adidas en 1994. Se disant "ruiné de chez ruiné", Bernard Tapie a annoncé aujourd'hui dans une interview au Monde qu'il ne pouvait pas payer cette somme. "Ils vont me mettre en liquidation personnelle et vendre tout ce que j'ai, y compris ma maison, que j'ai achetée il y a vingt-huit ans", a-t-il annoncé.
Cette décision a immédiatement provoqué l'inquiétude à "La Provence" dont Bernard Tapie est propriétaire. Dans cette même interview, l'ancien ministre de la Ville de François Mitterrand a cependant tenu à rassurer les employés du quotidien local. "Non, 'La Provence' n'est pas menacée parce que la seule précaution que j'ai prise, c'est à l'égard de 'La Provence' justement", a-t-il expliqué. "J'ai fait entrer un investisseur institutionnel dans le capital, l'équivalent de la Caisse des dépôts en Belgique. Donc, 'La Provence' n'a pas à s'inquiéter, car tout a été prévu pour qu'elle n'ait pas de souci", a ajouté l'homme d'affaires, sans plus de précision.
Quelques instants auparavant, ce dernier avait précisé qu'il avait injecté 20 millions d'euros dans le quotidien local ces dernières années. "Le groupe Bernard Tapie (GBT) a perçu exactement 245 millions", a-t-il rappelé à propos de la première décision de l'arbitrage qui lui était favorable. "Moi, personnellement, 45 millions, j'en ai donné la moitié à ma femme, j'en ai donc gardé la moitié, c'est-à-dire 22 millions. Et sur cette moitié, j'ai mis 20 millions dans le compte courant de 'La Provence'", a-t-il précisé.
En janvier 2014, Bernard Tapie était devenu actionnaire à 80% du groupe La Provence (éditeur des quotidiens "La Provence" et Corse Matin) après la sortie du capital du groupe Hersant Médias (GHM). En octobre dernier, le groupe belge Nethys était entré, via sa filiale Avenir Développement, à hauteur de 11% dans le groupe de presse français.