Le remue-ménage se poursuit au sein du journal "La Provence". Au moment du rachat du groupe de presse par la CMA CGM, dirigée par Rodolphe Saadé, en 2023, soixante-dix journalistes avaient décidé de faire jouer leur clause de cession pour quitter leurs emplois. Puis en mars dernier, les salariés du quotidien régional avaient voté une grève illimitée pour soutenir le patron des rédactions, Aurélien Viers, mis à pied pour une semaine et convoqué à un entretien préalable à licenciement après la publication de la Une de l'édition du jeudi 21 mars jugée "hostile" envers Emmanuel Macron. Celle-ci, faisant écho de la déception des habitants d'un quartier de Marseille, suite à la visite éclair du chef d'Etat la veille, aurait fortement déplu à l'actionnaire. Finalement, Aurélien Viers avait été réintégré suite à la fronde mais restait en sursis.
Le couperet est finalement tombé le vendredi 18 octobre puisque le concerné a indiqué au "Figaro" son départ. "Je n’ai pas été écarté, c’est moi qui ai pris la décision de partir", a-t-il précisé, écartant ainsi la rumeur d'un renvoi. Pour justifier cette décision, Aurélien Viers a assuré chez nos confrères que "le nouveau cap stratégique porté par la nouvelle direction" ne lui plaisait "pas forcément". L'ancien rédacteur en chef du pôle vidéo au Parisien a également avancé "des raisons plus personnelles" et un changement d'environnement. Ce départ volontaire a été confirmé par Jean-Christophe Tortora, directeur général du pôle presse de CMA Média (La Tribune, La Provence, Corse Matin), lequel a indiqué au "Figaro" que le démissionnaire sera remplacé en janvier prochain par Olivier Biscaye, actuel directeur de la rédaction du "Midi-Libre".
Cette annonce intervient trois mois seulement après une autre nomination majeure, celle de Jean-Louis Pelé comme directeur général de "La Provence" et de "Corse-Matin". Débarqué de "Nice-Matin", ce professionnel des médias avait alors remplacé Gabriel d’Harcourt, avec comme mission la nécessité de redresser des finances en berne. Il avait ainsi pour priorité de "renforcer l'ancrage" des deux titres et "leur proximité avec les lecteurs". Un changement de gouvernance était également inscrit tout en haut de sa feuille de route, nouveau soubresaut qui cultive "l'instabilité" du journal, selon des syndicats alarmés par la situation.