Le CSA tape sur les doigts de LCI. Le 19 février dernier, l'émission "Le Club" de la chaîne d'information du groupe TF1 s'était intéressée à Yassine Bouzrou, l'avocat choisi pour défendre Piotr Pavlenski, l'activiste russe qui avait revendiqué mi-février la mise en ligne de vidéos à caractère sexuel attribuées à Benjamin Griveaux. L'avocat, qui défend actuellement les intérêts de la famille d'Adama Traoré, avait été présenté comme "un habitué des dossiers médiatiques" à l'antenne par Valentine Desjeunes, qui assurait le 14h/16h de LCI ce jour-là et qui avait passé la parole à Jade Partouche pour retracer le parcours atypique du quadragénaire. Pour illustrer son propos, la journaliste avait choisi une infographie qui n'avait pas manqué d'interpeller puisqu'elle avait vu Yassine Bouzrou être affublé d'un bonnet d'âne.
"Il est né à Bezons en Île-de-France d'une famille marocaine extrêmement modeste. Il a grandi dans une cité à Courbevoie et il a enchaîné les déboires scolaires. Il a été quand même viré trois fois de suite jusqu'à rejoindre une école qui accepte bien de lui ouvrir ses portes, mais qui lui fermera quand même les portes du bac L", avait ainsi décrit Jade Partouche, qui avait rappelé dans la suite de son portrait sa solide réputation en matière pénale : "Il se fait vite connaître pour être l'avocat qui ne laisse rien passer".
Très rapidement, cette présentation a suscité l'émoi sur les réseaux sociaux. Sur Twitter, la directrice de la rédaction de LCI, Valérie Nataf, avait alors reconnu le lendemain, une maladresse. "À tous ceux qui s'offusquent du portrait de Yassine Bouzrou sur l'antenne de LCI hier, nous disons qu'effectivement cette présentation est pour la moins maladroite", a-t-elle écrit. puremedias.com vous propose de visionner la séquence.
Saisi par des téléspectateurs, le Conseil supérieur de l'audiovisuel s'est penché sur cette séquence et a rendu sa décision quatre mois plus tard. "Les plaignants pointaient la présentation d'un avocat réalisée dans l'émission, tant au regard des images d'illustrations qui la composent que des propos tenus par la journaliste", a rappelé le CSA. Et d'ajouter : "Le Conseil a considéré qu'une telle présentation, à charge et accompagnée d'une infographie caricaturale, était porteuse de discriminations en raison de l'origine de l'avocat et caractérisait un manquement à ses obligations conventionnelles". Ainsi, le gendarme de l'audiovisuel a mis en garde les responsables de la chaîne contre "le renouvellement d'un tel manquement".