Hier soir à 19h dans "Les Dessous de l'écran" sur RTL, Anne le Henaff et Benjamin Meffre recevaient Nicolas Curien, le président suppléant* du Conseil supérieur de l'audiovisuel. Nicolas Curien est notamment revenu sur la réforme de l'audiovisuel public en préparation, une réforme pour laquelle il échange avec le cabinet de la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, sans en savoir les contours exacts. "Nous ne sommes pas dans le secret des dieux. Nous ne savons pas exactement quelle tournure prendra cette réforme", a-t-il confié avec franchise.
Alors que le CSA devrait perdre, à l'issue de cette réforme, son pouvoir de nomination des patrons de l'audiovisuel public, le président du CSA ne s'en est pas offusqué. "Pas de patriotisme institutionnel. On estime qu'on le faisait mieux que convenablement, en toute indépendance. Ceci dit, ce n'est pas l'essentiel de notre travail (...) On a de quoi s'occuper en dehors du pouvoir de nomination. Ce qui nous paraît plus important, c'est de pouvoir réguler vraiment les chaînes de France Télévisions et de Radio France, c'est à dire passer avec elles des conventions comme avec les chaînes privées", a-t-il expliqué. Et d'ajouter à propos des chaînes publiques : "On n'a pas énormément la main aujourd'hui. Finalement, de façon tout à fait paradoxale, le gendarme (le CSA, ndlr) se montre plus 'gendarme' avec les chaînes privées qu'avec les chaînes publiques".
Nicolas Curien a aussi mis en garde le gouvernement sur son exigence d'économies trop importantes et trop brutales à France Télévisions. "Cela peut mettre en danger la qualité des missions de service public. Il faut évidemment que le service public audiovisuel dispose d'un budget suffisant pour remplir sa mission. Les économies de coûts, ce n'est pas un objectif en soi", a-t-il estimé. "Une économie de coûts, si elle est faite brutalement, peut elle-même engendrer des coûts", a-t-il rappelé, citant par exemple "des coûts organisationnels" qu'impliqueraient dans un premier temps les fusions d'entités aujourd'hui différentes. "La bonne manière de prendre un problème, c'est de savoir ce que l'on veut faire", a conclu Nicolas Curien.
Interrogé sur l'éviction de Mathieu Gallet de la présidence de Radio France et son remplacement par Sibyle Veil, la candidate ayant la préférence de l'Elysée, le président suppléant du CSA a martelé que ces deux décisions avaient été prises en toute indépendance. "On a pris notre décision en toute impartialité et en toute indépendance. On n'a pas agi aux ordres de la ministre. Mais être indépendant, ce n'est pas nécessairement prendre une décision surprenante ou à contre-courant", a-t-il expliqué à propos du départ de Mathieu Gallet. "Ce n'était absolument pas joué d'avance", "la discussion au sein du collège a été réelle", a-t-il commenté à propos de la nomination de Sibyle Veil, soulignant "la qualité de son projet".
Interrogé sur les reproches faits au CSA par Jean-Baptiste Rivoire concernant le dossier Canal+, Nicolas Curien a défendu son institution. "Nous avons imposé un comité d'éthique qui était prévu dans les dispositions de la loi Bloche. Ce comité d'éthique existe, j'espère qu'il fait son travail", a-t-il commenté. Relancé pour savoir si le CSA avait "tout fait" pour protéger l'indépendance des journalistes travaillant à Canal+, le président suppléant du CSA a répondu sans hésiter : "Dans la mesure de nos moyens, oui bien sûr. On ne peut pas s'ingérer dans la gouvernance des chaînes", a-t-il souligné, expliquant que le régulateur n'avait pas été beaucoup saisi concernant Canal+. Une procédure concernant la diffusion d'un clip de promotion du Togo sur Canal est cependant toujours en cours d'instruction, a rappelé Nicolas Curien.
*Nicolas Curien a enfin précisé au cours de cette interview qu'Olivier Schrameck, le président du CSA, actuellement en congés maladie, reviendrait à son poste mi-mai.
Ecoutez l'intégralité des "Dessous de l'écran" du dimanche 29 avril 2018.