Le ministère du Travail entre dans le conflit à iTELE. Hier après-midi, les syndicats de salariés se sont rendus sur place pour faire un point avec Myriam El Khomri sur ce conflit social et éthique qui entre aujourd'hui dans son 23e jour. Au cours de cette rencontre de près d'une heure, la ministre a rappelé la complexité de la situation et sa vive préoccupation concernant les conditions de travail des salariés d'iTELE. "Nous avons pris contact avec la direction de Canal+ pour les recevoir au plus vite", a également fait savoir la ministre, rappelant au passage son indépendance.
Outre ce coup de téléphone à la direction de Canal+, Myriam El Khomri a assuré aux représentants de salariés qu'elle pèsera de tout son poids pour que soit nommé au plus vite un médiateur afin de trouver une solution à un conflit social devenu le deuxième plus long de l'histoire de l'audiovisuel depuis mai 1968, après celui de Radio France, en mars-avril 2015.
L'arrivée d'un un médiateur est demandée au gouvernement par les syndicats de salariés d'iTELE depuis le 21 octobre dernier. Leur démarche est notamment soutenue par David Assouline, vice-Président de la commission de la culture au Sénat. En tête, l'intervention bénéfique de Dominique-Jean Chertier, médiateur nommé par l'Etat, dans le long conflit ayant paralysé Radio France l'année dernière. Ce dernier avait alors largement permis d'éteindre l'incendie et de renouer le dialogue au sein de la Maison ronde.
Dans le cas d'une chaîne privée comme iTELE, cette médiation publique devra toutefois être acceptée par l'ensemble des parties, dont la direction. En cas d'accord, le ministère devrait rapidement proposé une liste de médiateurs potentiels. La balle est donc désormais dans le camp de l'état-major de la chaîne info.
Hier après-midi, une source proche de la direction avait fait savoir à l'AFP qu'il n'y avait selon elle "quasiment plus de points de blocage". Cette même source anonyme expliquait notamment que de nouvelles propositions avaient été faites aux salariés grévistes afin de les encourager à quitter l'entreprise contre indemnités.
"Faux", avait rétorqué hier soir Guillaume Auda de la SDJ d'iTELE, interrogé par puremedias.com. "Il y a toujours les mêmes points de blocage, nous n'avons eu aucune nouvelle proposition écrite de la direction", avait rappelé le grand reporter. Les journalistes de la chaîne, qui ont voté la reconduction du mouvement hier, portent ainsi "toujours les mêmes revendications" : le retrait définitif de l'antenne de Jean-Marc Morandini, le non-cumul des deux postes pour Serge Nedjar (directeur de la chaîne et directeur de la rédaction), l'élaboration d'une charte déontologique et un projet stratégique éditorial clair pour la future CNEWS.