Le réflexe CSA. Du canular homophobe de Cyril Hanouna à l'hommage à une fausse victime du Bataclan sur M6 dans "La France a un incroyable talent", en passant par l'altercation entre Christine Angot et Sandrine Rousseau dans "On n'est pas couché", la télévision en 2017 n'a pas manqué de séquences polémiques.
Face à cela, les téléspectateurs sont de plus en plus nombreux à écrire au Conseil supérieur de l'audiovisuel, selon "Les Echos". Le nombre de signalements a même explosé en 2017, pour s'établir à près de 90.000, soit plus de deux fois plus qu'en 2016 avec environ 38.000 plaintes et surtout dix fois plus qu'en 2015, où le CSA avait été le destinataire de 9.000 saisines. Ces signalements sont aussi bien le fait de simples téléspectateurs que d'élus ou d'associations.
Cela va des affaires les plus anodines aux plus sérieuses. Ainsi, comme le rapportent nos confrères, certains n'hésitent pas à écrire à l'institution pour se plaindre du changement de coiffure d'un présentateur ou d'un changement d'horaire. Ces coups de gueule ne sont pas comptabilisés dans les 90.000 saisines, même si chaque signalement est étudié et fait l'objet d'une réponse au plaignant.
Selon le directeur général du CSA, Guillaume Blanchot, "l'essentiel de nos interventions sont dues aux alertes des téléspectateurs". Et le responsable de mettre à mal une pensée récurrente : "Malgré ce que certains imaginent, on n'a pas d'armée de collaborateurs pour surveiller la télévision", assure-t-il. Deux tiers des signalements sont étudiés de manière approfondie. Le collège du Conseil supérieur de l'audiovisuel, lui, étudie environ 1.000 dossiers chaque année. En 2017, 35 mises en demeure ont été prononcées et 7 sanctions ; 6 pour des questions de déontologie et 1 pour des quotas de diffusion.
Dans le quatuor de tête des séquences qui ont été le plus signalées cette année figure en premier lieu - et de très loin - le canular homophobe dans un prime time de "Touche pas à mon poste" au printemps dernier, dans lequel Cyril Hanouna a piégé des homosexuels en publiant une fausse annonce sur un site de rencontres. Son personnage maniéré, Jean-José, n'a pas fait rire grand monde. Le gendarme de l'audiovisuel a reçu 39.000 signalements suite à la diffusion du canular en direct, un nombre record.
Viennent ensuite avec 2.000 saisines le clash entre Christine Angot et Sandrine Rousseau sur France 2, puis le débat avec seulement cinq candidats à l'élection présidentielle organisé par TF1 (1.500 signalements) et enfin un millier de plaintes pour s'émouvoir du faible relais d'un meeting de Jean-Luc Mélenchon. D'après le directeur général du CSA, ces signalement ne sont pas vains : les chaînes sont de plus en plus attentives aux sanctions, craignant de voir leur image écornée.